Article plein air d'ailleurs

Francis Gagnon

AILLEURS - 3 TREKS AU COEUR DES ROCHEUSES

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Publié le 1 juin 2015, Francis Gagnon

LES ROCHEUSES SONT UNE DESTINATION INCONTOURNABLE DU CANADA. AVEC LEURS SOMMETS ENNEIGÉS ET LEURS LACS TURQUOISE, IL N’EST PAS SURPRENANT QUE SES PARCS ACCUEILLENT CHAQUE ANNÉE PLUSIEURS MILLIONS DE VISITEURS. SI ELLES SONT SOUVENT ASSOCIÉES AU PARC NATIONAL DE BANFF, IL NE FAUT PAS OUBLIER QUE LES ROCHEUSES ABRITENT UN VASTE COMPLEXE DE PARCS NATIONAUX ET PROVINCIAUX DONT LES PAYSAGES PEUVENT ÊTRE TOUT AUSSI, SINON PLUS IMPRESSIONNANTS. CERTAINS ENDROITS SONT D’AILLEURS INCONTOURNABLES, D’UN POINT DE VUE SYMBOLIQUE ET HISTORIQUE.

C’est avec l’idée de découvrir et de photographier ces lieux extraordinaires qui font la renommée des Rocheuses canadiennes que mon frère et moi prenions l’avion vers Calgary, en septembre 2014. Pendant dix jours, nous allions effectuer plusieurs randonnées à travers les parcs provinciaux du mont Robson et du mont Assiniboine, ainsi que dans le parc national de Kootenay. Nous avions choisi de voyager en automne et d’admirer les teintes dorées des mélèzes et des peupliers faux-trembles, en plus de profiter d’un achalandage moindre.

DANS LA COUR DU ROI ROBSON

Il y a de ces endroits pour lesquels un simple coup d’oeil suffit pour s’en émerveiller. Le mont Robson est certainement un de ces lieux. D’abord, parce que symboliquement, ses 3 954 m en font le point culminant des Rocheuses, et parce que son sommet enneigé est d’une beauté inspirante. Située en Colombie-Britannique, à 450 km de route de l’aéroport de Calgary, la montagne peut être aperçue du centre d’interprétation du parc, mais cet emplacement est loin de permettre d’en saisir toute l’élégance et l’immensité. C’est pour cette raison que mon frère et moi chaussions nos bottes de promenade pour marcher les plusieurs kilomètres du sentier du lac Berg. Cette randonnée nous donnerait l’occasion d’avoir un point de vue incomparable sur la montagne en plus de nous permettre de bien comprendre pourquoi le mont Robson porte le surnom de Roi des Rocheuses.

LES PRÉPARATIFS

Il est un peu plus de 9 h. Nous avons chacun payé notre droit d’accès de 10 $ par nuit, incluant également notre permis de camping, et nous nous préparons déjà à partir. Aucune réservation n’était nécessaire, puisque nous sommes à la fin septembre. Ce n’est cependant pas le cas durant la saison estivale, car le parc est plus achalandé. Il est alors recommandé de réserver. Le parc, ouvert toute l’année, accepte les réservations dès le 2 janvier pour la période s’étalant du 12 juin au 15 septembre.

 

UNE JOURNÉE D’ASCENSION

Nos sacs à dos bien remplis, nous faisons les premiers pas dans le sentier qui nous mènera au camping du lac Berg. Nous allons parcourir un peu plus de 21 km sur 800 m de dénivellation.

L’ascension commence en marchant dans un large sentier sur environ 7 km pour nous rendre à notre premier arrêt, le lac Kinney. Le chemin se fait rapidement et beaucoup de randonneurs effectuent cette portion en formule de courte randonnée.

La suite du trajet est également aisée. Celui-ci se rétrécit pour devenir un sentier balisé. À peine 100 m de dénivellation sont gravis durant 4 km. Au terme de cette portion, nous arrivons à une vallée nommée « Valley of a Thousand Falls ». La vue est impressionnante ! Une énorme rivière turquoise coule au milieu de falaises et plusieurs chutes s’y déversent. Nous marchons quelques kilomètres pour nous reposer au pied des chutes White. La pause est nécessaire, puisqu’il n’y a pas de point de ravitaillement sur les 3 prochains kilomètres. C’est aussi à partir de ce point que nous commençons la prochaine portion du sentier. Celle-ci comprend 3 km pendant lesquels nous gagnons environ 500 m d’altitude. Avec plus de 12 km de marche, la montée est lente.

La suite du sentier est plus facile. Nous suivrons la rivière Robson pendant 3 km pour finalement arriver au lac Berg. La beauté de l’endroit est saisissante. Le lac, d’un bleu foncé, est gardé par d’immenses montagnes. Tel un monarque, le mont Robson est le plus imposant. Un glacier se jette dans le lac et on peut entendre les craquements des morceaux de glace s’en détachant.

UN UNIVERS DE POSSIBILITÉS

Nous longeons le lac pendant 2 km pour finalement arriver au camping du lac Berg. Pour les prochains jours, le camping devient le point nodal de plusieurs randonnées. Il y a un réseau de sentiers qui offre des points de vue imprenables sur les environs. Il est également possible d’explorer librement les montagnes. On pourrait facilement y passer une semaine sans avoir épuisé les possibilités de randonnées. Après 3 jours, nous plions bagage pour entamer la suite du voyage.

 

ENTRE PLUIE ET SOLEIL : UNE ESCAPADE AU PARC PROVINCIAL DU MONT ASSINIBOINE

Situé à la frontière britanno-colombienne, le parc provincial du mont Assiniboine est célèbre pour sa montagne du même nom dont la forme rappelle celle du Matterhorn, en Suisse. Le parc, qui partage ses limites avec ceux de Banff et de Kootenay, est couru par les amateurs de plein air, que ce soit pour la randonnée, l’alpinisme, ou encore le ski. Après avoir passé la nuit à Canmore, mon frère et moi parcourons 40 km en automobile pour nous rendre au stationnement du mont Shark afin d’y prendre l’hélicoptère vers le parc.

 

LE VOL

Il est midi et nous sommes plusieurs à attendre l’hélicoptère. L’engin se fait d’ailleurs entendre au loin. Nous avons choisi la voie des airs puisque c’est la plus rapide pour atteindre le parc. C’est également la plus sécuritaire en période automnale, moment où il est déconseillé de s’aventurer dans les 27 km de sentiers, alors que les grizzlis sont en recherche intensive de nourriture en prévision de l’hiver qui se fait imminent.

L’hélicoptère arrive finalement. Des employés du Assiniboine Lodge s’affairent alors au chargement des bagages des passagers ainsi que des articles destinés à l’auberge. Tout est compté. Chaque passager n’a droit qu’à 40 lbs de matériel.*

Plusieurs vagues d’allers et retours s’effectueront entre 12 h et 14 h. Le vol, lui, ne dure qu’environ 8 minutes. C’est néanmoins suffisant pour que la température change drastiquement, passant d’un ciel dégagé à une pluie dense. C’est dans ces conditions que nous avons atterri.

UNE TEMPÉRATURE INCERTAINE

Il n’est que 15 h 30 et nous foulons déjà les sentiers vers le camping. Celui-ci est situé à 1,5 km du lieu d’atterrissage. L’humidité nous empêche de voir les montagnes qui nous entourent.

Le chemin se fait très rapidement puisqu’il est bien balisé et qu’il n’y a pratiquement pas de dénivellation. Arrivés sur place, nous avons le choix de notre emplacement. Le camping est ramifié en quelques sections où se trouvent plusieurs lieux pour se tenter, des toilettes sèches, différents accès à de l’eau, des cabanes pour cuisiner et entreposer la nourriture à l’abri des ours, ainsi que des puits pour se débarrasser des eaux grises. Chaque nuit ne coûte que 10 $ par personne. Ce montant comprend également l’accès au parc.

Le vol a eu l’avantage de nous faire économiser énormément de temps et d’énergie. Nous décidons donc d’aller explorer les alentours après nous être installés. Nous parcourrons près de 10 km durant l’après-midi. Une myriade de sentiers serpentent le parc. Un paradis pour les randonneurs. Nous serons de retour au camping à l’heure du souper.

Il pleuvra la majeure partie de la nuit. L’alarme sonne à 5 h. Nous jetons alors un coup d’oeil à l’extérieur pour apercevoir les étoiles dans un ciel qui accueille les premières lueurs du jour. C’est l’excitation ! Nous nous préparons en vitesse pour une journée de randonnée. Notre premier arrêt est le Nublet. Ce point de vue est un classique du parc. Il est situé à environ 4 km du camping et il offre un panorama incroyable. Nous marcherons ensuite toute la journée à travers montagnes et lacs. Nous manquerons de peu deux grizzlis et leurs petits, traces et randonneurs stressés comme témoins de leur passage.

Le lendemain, nous prenons le premier vol aux alentours de 11 h 30. Nous atteignons quelques minutes plus tard l’Alberta sous un soleil radieux.

* Les déplacements en hélicoptère sont coordonnés par le Assiniboine Lodge assiniboinelodge.com.

À TRAVERS PINS ET MÉLÈZES : RÉCIT D’UNE RANDONNÉE DANS LE PARC NATIONAL DE KOOTENAY

Le parc national de Kootenay tient sa particularité de ses nombreux types de climat et milieux écologiques, passant de sommets enneigés à des prairies semi-arides où l’on peut voir des cactus. Une grande variété de sentiers y est aménagée et l’un des plus estimés est celui de la Paroi- Rocheuse qui s’étend sur plus 55 km. Cette randonnée se faisant sur 3 ou 4 jour, peut toutefois être effectuée en partie. Suivant cette idée, nous décidons de combler les 2 dernières journées de notre voyage en marchant le sentier de 21 km du lac Floe pour y camper et y revenir le lendemain.

 

PRENDRE UNE DERNIÈRE FOIS LA ROUTE

Un peu plus de 70 km nous séparent de Banff et de l’entrée du sentier. Il est seulement 8 h et nous sommes déjà sur la route. Nous avons acheté notre permis de camping au centre d’interprétation du parc national de Banff afin de nous éviter la route vers celui de Kootenay.

Après nous être préparés, nous commençons à marcher les 10,7 km qui nous séparent de notre objectif. La température agréable annonce une belle journée.

 

MARCHER À TRAVERS UNE FORÊT BRÛLÉE

Les feux de forêt qui se sont succédé en 2003 et 2004 ont laissé d’importantes marques. Les jeunes pins, poussant à travers les vestiges brûlés d’une ancienne forêt, témoignent de la force destructrice et régénératrice du feu. Le panorama contraste avec les autres parcs des environs.

Les traces de ces incendies sont perceptibles sur près des deux tiers du sentier. Cette partie s’effectue facilement puisque le chemin n’est pas abrupt et plusieurs cours d’eau sont accessibles.

Les 3 derniers kilomètres sont différents. Le sentier peut être difficile à repérer. Puis, des 700 m d’élévation à gagner, cette portion en comporte la majeure partie. Ces facteurs rendent la montée particulièrement ardue.

 

CAMPER AU MILIEU DES MÉLÈZES

Nous avons effectué plus d’une heure d’ascension pour arriver sur un plateau. Il ne reste que 500 m à marcher avant que le sentier débouche sur le camping placé en bordure du lac Floe. Le paysage est grandiose. La gigantesque Paroi Rocheuse, semblant atteindre les nuages, surplombe le lac ceinturé de mélèzes aux épines dorées. Nous prenons quelques instants pour admirer la scène. Les cinq heures de randonnée se font sentir.

Après avoir exploré les environs, nous choisissons un emplacement pour monter notre tente. Le camping est tout ce qu’il y a de plus typique de ceux en arrière-pays : quelques emplacements pour se tenter, un lieu pour se faire à manger, des casiers anti-ours, et des toilettes sèches.

LA BRUME

Reposés, nous décidons d’aller marcher sur les berges du lac afin d’y prendre quelques photographies. La lumière de fin de journée se pose doucement sur l’énorme montagne qui se réfléchit sur le lac. Le calme de l’endroit est reposant.

Lorsque le soleil se couche finalement, les nuages ont envahi le ciel et nous sommes déjà bien au chaud dans nos sacs de couchage.

Après une bonne nuit de sommeil, nous nous lèverons pour aller capter le premier rayon du soleil. À notre surprise, tout est couvert d’un brouillard si épais qu’il nous est impossible de discerner les montagnes. Nous remballons le tout en vitesse pour reprendre le sentier et arriver à l’automobile en milieu d’avant-midi.

Le soir venu, nous sommes à bord d’un vol de retour pour Québec. Cette brève randonnée au lac Floe aura parfaitement conclu notre périple.

Volume - 15

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