Article plein air d'ailleurs

HAWAII EN WEST: LE TOUR DE L’ÎLE À PETITS PAS

CARNET DE VOYAGE / ÉTATS-UNIS / HAWAII

Publié le 1 juin 2012, par Dany Coulombe

HAWAII EST LA PLUS GRANDE DES ÎLES DE CET ÉTAT AMÉRICAIN PERDU À PLUS DE 3000KM DE LA TERRE FERME, AU BEAU MILIEU DU PACIFIQUE. L’ARCHIPEL DE PLUS DE 137 ÎLES, ATOLLS ET RÉCIFS EST RECONNU POUR LE SURF ET SES PLAGES PARADISIAQUES. C’EST À BORD D’UN WESTFALIA88 QUE NOUS AVONS CHOISI D’EN DÉCOUVRIR LENTEMENT D’AUTRES ASPECTS. IL FAUT DIRE QU’ON N’AVAIT PAS LE CHOIX: LE WESTFALIA N’ALLAIT PAS PLUS VITE…

JOUR 1 À 3  -  HILO, LES CHUTES ET LE JARDIN BOTANIQUE

14 juillet. L’arrivée à Hilo se fait sous la pluie, comme il se doit. Il faut dire que l’endroit est l’un des plus pluvieux de la planète: il y pleut trois jours sur quatre… Une pluie chaude qui fait place à un soleil ardent et qui met en évidence les odeurs tropicales. Une pluie qui nourrit des chutes de renommée mondiale et fait naître des jardins généreux. Ce sont les alizés, ces vents d’est chargés d’humidité qui déversent ainsi toute cette eau sur la côte est de l’île. À l’opposé, la côte ouest est plutôt désertique.

Aussitôt derrière le volant du Westfalia – loué à destination – la routine des prochains jours s’installe: faire des provisions, trouver où coucher et prendre le temps de faire des découvertes sur la nature, les gens, la culture et l’histoire. Tout près d’Hilo, un immense stationnement invite à s’arrêter pour admirer la chute Rainbow sur la rivière Wailuku. Malgré l’heure matinale, des bus bondés de touristes commencent déjà à s’y arrêter. Ils y font une pause de 15 minutes, chronomètre en main, le temps d’une photo devant la chute. Il est vrai qu’à cette heure, elle arbore l’arc-en-ciel pour lequel elle est nommée… et c’est le retour dans le bus à l’air conditionné. De notre côté, nous choisissons d’explorer un sentier qui longe la rivière. Il n’y a plus personne. Selon la légende, Kamehameha le Grand, celui-là même qui a unifié les îles de l’archipel, y aurait placé les restes de son père. On essaie de s’imaginer la cérémonie.

À moins de 2km en amont, les boiling pots présentent des dépressions creusées dans le roc laissant deviner la force de l’eau tourbillonnante lorsque la rivière est en crue. Mais c’est encore plus haut, en sautant de roche en roche et en marchant parfois dans l’eau, l’étui à caméra à bout de bras, que l’on découvre les chutes Pe’epe’e. Les chutes, combinées aux étangs qui s’étendent à leurs pieds, sont si photogéniques et dégagent une telle sérénité, que les heures passent sans que l’on s’en rende compte. Ça y est. On est en vacances!

En route vers Laupahoehoe, où on a l’intention de coucher, un court arrêt au parc d’Akaka nous permet d’admirer la fabuleuse chute du même nom. Un court sentier nous amène à traverser une forêt de bambous puis nous donne accès à un belvédère à partir duquel on peut admirer l’eau de la rivière plongeant à plus de 128m en bas d’une falaise de forme cylindrique. L’endroit est superbe, mais c’est tout de même triste que l’on ne puisse pas se rendre aux pieds des chutes…

JOUR 4-5  -  LES VALLÉES DU NORD

Plus au nord, la route qui longeait jusque-là la côte, s’écarte doucement vers l’intérieur des terres. Une autre route prend alors le relais et s’arrête brusquement au bord du… gouffre, au bord de la vallée Waipi’o. À vol d’oiseau, sur plus de 24km en direction nord-ouest, des vallées profon-des et abruptes se succèdent jusqu’à Kapau. La première, la vallée Waipi’o, a déjà connu une époque prospère. Plusieurs milliers d’habitants y ont déjà cultivé bananes, taros et noix de coco. Même le roi Kamehameha y a résidé, alors qu’il était enfant. Le tsunami de 1946 a tout ravagé sur son passage. Maintenant, seulement une cinquantaine d’habitants y résident, sans eau courante ni électricité et sans couverture cellulaire. Seule une étroite et tortueuse route à 25% de dénivelé donne accès au fond de la vallée et ce, uniquement pour les véhicules à quatre roues motrices et les conducteurs expérimentés ou très motivés. On décide sagement de laisser le Westfalia dans le stationnement pour descendre à pied et explorer le tout en une journée, hélas trop courte. La descente nous mène, 20 minutes plus tard, au fond de la vallée où l’on bifurque à droite vers la mer. Une magnifique plage de sable noir nous y attend. En traversant un petit ruisseau qui coupe la plage en deux, on découvre la partie sauvage du coin. Le sable nous brûle les pieds. Pour nous rafraîchir, la mer semble invitante mais on comprend rapidement pourquoi personne ne s’y baigne malgré la température écrasante: les courants de fonds sont tellement puissants que, même à genou, dans quelques centimètres d’eau, on est fortement déportés. On est seuls au monde, ébahis comme des enfants devant tant de beauté. On attaque le sentier en Z qui grimpe sur l’autre versant. La chaleur et la pente sont telles que les pauses se succèdent, encore et encore. Ça nous donne l’occasion de nous gaver du panorama qui s’étend devant nous. Même s’il avait été possible de poursuivre et d’aller coucher dans la prochaine vallée en camping «sauvage», nous décidons, par manque de préparation et de matériel, de revenir sur nos pas. La montée est un peu pénible… Mais ce n’est pas grave, demain, plus au nord, une autre vallée nous attend: Polulu.

JOUR 6  -  LES PLAINES DU CENTRE

Il est étonnant qu’une île si petite – elle ne fait que 10400km² – offre autant de variété climatique. À partir de la côte, la route monte sans arrêt. Le paysage change, la température se rafraîchit. Le vent est omniprésent et les arcs-en-ciel aussi. Près de Waimea (Kamuela), les vallons se succèdent et les plaines verdoyantes ondulent à perte de vue. Le ranch Parker – l’un des plus grands des États-Unis – y occupe près de 175000 acres et est géré par quelques paniolos, ces cowboys hawaiiens d’origine mexicaine. L’endroit invite au galop. C’est donc à dos de cheval que ma copine explore les collines qui donnent vue sur la mer dans un paysage qui n’est que rarement associé à Hawaii. J’en profite pour faire des photos.

JOURS 7-8  -  LA CÔTE OUEST

La descente vers la mer, du côté ouest de l’île, révèle une terre aride, voire même désertique. Le soleil est de plomb et la pluie se fait rare. C’est ici, près de Kailua-Kona, que sont rassemblés les hôtels de luxe autour des plages de sable blond. Mais c’est aussi ici que plusieurs villages et sites historiques ont été préservés. Le Westfalia file rapidement vers le sud. Un arrêt s’impose au site historique de Lapakahi. On arrive tôt. Et on attend… Il faut dire qu’ici les horaires sont plutôt flexibles… L’admission est gratuite et le site est désert. C’est sous un soleil déjà bien présent que l’on explore lentement les ruines d’un ancien village de pêcheurs. Seuls le bruissement des feuilles et le clapotis de l’eau dans la très jolie baie viennent rompre le lourd silence. Je m’accroupis près des rochers de lave où des dépressions ont été creusées pour recueillir l’eau de pluie ou le sel après l’évaporation de l’eau de mer; c’est comme si le temps venait de reculer de 600 ans. Et puis, le clapotis de l’eau me rappelle à la réalité.

On passe rapidement la région de Kona. Toutefois, un bref détour dans les collines vertes et humides situées plus à l’intérieur des terres nous permet de découvrir le fameux café Kona, un des plus dispendieux qui soit. La visite d’une plantation nous permet de mieux comprendre ce type de culture biologique et la dégustation nous révèle des arômes et des saveurs subtiles. De retour sur la côte, on se prélasse sur la plage et on tente l’expérience du surf à pagaie (stand up paddle) dans la baie de Kealakekua tout en s’émerveillant devant les dauphins qui font tout un spectacle, juste pour nous. Et puis, on est déjà plus au sud. Le parc national historique de Pu’uhonua O Honaunau s’impose ensuite comme arrêt. C’est un site immense et bien reconstitué. L’endroit a été abandonné en 1819. Il servait de refuge pour ceux enfreignant les lois. Il faut dire que le système de kapu (d’interdictions) était très sévère. Un simple mortel ne pouvait regarder le chef dans les yeux ou voir son ombre croiser la sienne, les femmes ne pouvaient manger avec les hommes... Tous ces crimes étaient punis par la mise à mort. Seuls ceux pouvant s’échapper à la nage, en affrontant courants et requins afin de rejoindre le refuge, pouvaient espérer survivre. La visite des lieux donne à réfléchir. Les artefacts y sont nombreux et impressionnants: sculptures de bois à l’entrée du port, mur de pierres de 305m de long par 3m de haut et 5,2m d’épaisseur et outrigger traditionnel, sorte de pirogue à balancier…

JOURS 9-10  -  LA POINTE SUD, LE BOUT DU MONDE

En roulant vers la pointe sud, on quitte la route principale juste avant la marque du mile 70 et on s’engage sur la route qui mène à South Point, 16km plus loin. C’est le point le plus au sud des États-Unis mais aussi un des premiers lieux d’accostage des Polynésiens. Si l’endroit semble peu invitant pour y établir un campement, il faut comprendre qu’en face de l’impressionnante falaise se trouvent d’importants bancs de poissons qui fréquentent les eaux profondes. Encore aujourd’hui, nombre de pêcheurs tendent d’imposantes lignes au bout desquelles flottent des contenants ou des sacs de plastique gonflés d’air en guise de flotteur. Mais c’est un peu plus à l’est que se trouve l’attrait qui nous a mené ici: la plage de Green Sand. Bien que l’on puisse s’y rendre via une randonnée épique en camion à quatre roues motrices (les ornières sont parfois si profondes qu’une petite auto pourrait s’y engouffrer au grand complet), nous préférons de loin arpenter les dunes de sable à pied.

La randonnée se révèle être tout aussi agréable, sinon plus, que la visite de la plage elle-même. Sorti de nulle part, un immense cône volcanique au sommet arrondi se dévoile soudain à l’horizon. À ses pieds, la fameuse plage de sable vert. Les grains de sable noir se mélangent à ceux d’un minéral volcanique, l’olivine, qui a une teinte verte. L’effet est surprenant. La descente abrupte à la plage révèle un rivage bafoué par les vagues et les forts courants. Le retour est ponctué d’arrêts où l’on examine avec intérêt le mélange de corail blanc concassé et de lave pulvérisée en fines particules qui fait office de sable. On se pose encore la question à savoir comment font les nombreuses plantes grasses pour survivre dans un environnement si pauvre.

JOUR 11 À 15  -  PELÉ, LA DÉESSE DES VOLCANS

On ne pouvait visiter Hawaii sans rendre visite à la maison de Pelé, la déesse des volcans. Si l’origine volcanique de l’île est évidente en bien des endroits, c’est au parc national des Volcans, ainsi qu’au sommet du Mona Kea, que l’expérience volcanique atteint son paroxysme. Pour qui aime faire de la randonnée, le parc national à lui seul vaut facilement que l’on y consacre une semaine, même plus. Malgré sa popularité, on opte pour le sentier en boucle Kilauea Iki. La descente nous fait découvrir le fond du cratère où la mer de lave s’est solidifiée. La vue de randonneurs qui marchent, au loin, sur cette roche noire durcie de laquelle s’échappe ici et là des fumerolles blanches et nauséabondes nous donne un aperçu des dimensions imposantes. Le cratère comme tel fait environ 1,6km de large! Ce n’est pas la fatigue qui nous arrête mais la curiosité. Ici, le sol est craquelé comme la glace d’une rivière lors du dégel et là, les teintes rougeâtres d’un gravier ou l’écarlate d’une fleur d’ohi s’opposent au noir de jais de la lave durcie. Les odeurs des fumerolles piquent le nez et les formes de la cuvette ainsi que ses dimensions nous laissent bouche bée. Et dire que ce volcan était en éruption en 1959, c’était hier…

À l’opposé du spectre de popularité, près de la mer, nous avons «découvert» un court sentier menant au site Pu’u Loa, particulièrement riche en pétroglyphes. C’est sous un soleil intense que l’on marche quelques heures sur un champ de lave pahoehoe (l’une des deux formes de lave durcie, l’autre étant a’a) datant de près de 800 ans. Seuls, on s’arrête souvent en s’interrogeant sur la signification de ces intrigantes gravures réalisées dans le roc par plusieurs générations successives. L’endroit est considéré sacré par les Hawaiiens de Kalapana et dégage en effet, un étrange sentiment de calme.

À tout seigneur tout honneur: la grande finale sera l’ascension du Mauna Kea. Un rapide détour par Hilo afin de troquer le Westfalia pour un camion à quatre roues motrices et on s’élance sur la Saddle Road dans le but de gravir le point culminant de l’île, à 4200m. Après une pause nécessaire au centre d’accueil situé à 2800m afin de s’acclimater un peu à l’air raréfié, on rencontre une cycliste partie plus tôt le matin du niveau de la mer… Et dire que nous avons le souffle court, assis bien tranquille sur un banc.

De retour sur la piste, le camion peine à monter la pente abrupte et sinueuse. Sylvie n’ose pas regarder en bas. Ça y est, on est sur la Lune! J’arrête le camion près d’un des nombreux observatoires qui parsèment les collines et on entame à pied, la courte ascension du réel sommet. On fait quelques pas et on s’arrête pour reprendre notre souffle, coupé à la fois par la rareté de l’air et par l’incroyable beauté des lieux. Au loin, il y a la mer, d’un bleu éclatant, et tout autour, du gravier rougeâtre et des collines dénudées qui donnent au lieu une apparence lunaire. Encore un peu de randonnée et c’est déjà le temps de redescendre. On se sent fébrile, la tête bourdonne. Les nuages de l’après-midi sont en train d’envahir la vallée plus bas et d’obstruer la vue.

JOUR 16  -  LE RETOUR

Comme toujours, c’est avec la tête pleine d’images et de nouvelles connaissances que l’on entame le retour. Hawaii a été bien plus que des plages et des hôtels de luxe. Ce fût l’omniprésence des volcans, le savoureux café Kona, l’incroyable ohi qui pousse dans la lave durcie, les vallées luxuriantes et sauvages, les chants traditionnels hawaiiens qui nous réveillent le matin et les burritos au mahi-mahi…

Nos souvenirs nous font déjà rêver d’y retourner pour découvrir les autres îles de l’archipel. Bientôt, on l’espère.

PARCS D’ÉTATS D’HAWAII 

http://www.hawaiistateparks.org

PARCS NATIONAUX D’HAWAII 

http://www.hawaiistateparks.org

BUREAU DE TOURISME D’HAWAII 

http://www.hawaiistateparks.org

LOCATION DE WESTFALIA

Teri et Bud sont les sympathiques propriétaires de ce petit commerce de location de Hilo. Chaque véhicule possède un nom qui lui est propre et une histoire qu’ils se feront plaisir de vous raconter…

http://www.hawaiistateparks.org

Volume - 9

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