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photos Marie-José Auclair

LE MATIN DU MONDE

AILLEURS / PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINÉE

Publié le 1 décembre 2012, par Marie-José Auclair

SOUVENT PRÉSENTÉE COMME L’UN DES DERNIERS PARADIS SUR TERRE, LA PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINÉE FAIT RÊVER. CE PAYS D’OCÉANIE ÉVOQUE D’IMMENSES ÉTENDUES DE FORÊT VIERGE, D’INNOMBRABLES ESPÈCES EXOTIQUES, DES RIVIÈRES AUX EAUX CRISTALLINES, DES PLAGES PARADISIAQUES, LE TOUT À L’ÉCART DE LA CIVILISATION ET DE LA MODERNITÉ. MAIS CE COIN DE PLANÈTE, ENCORE TRÈS PRÉSERVÉ ET PRESQUE SAUVAGE, SE DÉMARQUE SURTOUT PAR L’EXISTENCE D’UN PEUPLE AUTHENTIQUE FORMÉ D’UNE MULTITUDE D’ETHNIES, LES PAPOUS, QUI ONT CONSERVÉ LEUR CULTURE INTACTE ET PRÉSERVÉ LEUR MODE DE VIE TRADITIONNEL.

On trouve en Papouasie-Nouvelle-Guinée 781 espèces d’oiseaux, dont 40% sont endémiques, c’est-à-dire qu’elles ne se trouvent nulle part ailleurs dans le monde. C’est l’un des taux d’endémisme les plus élevés de la planète.

Le contact avec l’extérieur remonte à seulement cinquante ans et certaines régions comme les Highlands ne furent découvertes que récemment. On y pratique encore le troc (les cochons constituent encore une monnaie d’échange), le système de dot est une coutume répandue et les danses traditionnelles sont au cœur de tous les événements communautaires.

Baignant dans l’océan Pacifique à 150km au nord de l’Australie, ce pays insulaire de 462 840km² (un peu plus grand que la Suède) occupe l’est de l’île de la Nouvelle-Guinée, la partie ouest étant constituée de la province d’Irian Jaya appartenant à l’Indonésie. Essentiellement montagneux, son territoire comporte de nombreux volcans, plus de 600 îles et les fonds sous-marins sont d’une diversité étonnante et d’une beauté sublime.

Par sa situation géographique, la Papouasie-Nouvelle-Guinée constitue un pont naturel entre l’Asie, l’Australie et les îles du Pacifique du Sud-Ouest. La forêt tropicale, où certaines forêts humides sont encore intactes, occupe les trois quarts de la superficie du pays, lui conférant une immense richesse sur le plan de la diversité biologique.

On y recense 9000 types de plantes, dont les deux tiers des espèces d’orchidées de la planète, plus de 700 oiseaux, notamment le célèbre oiseau de paradis, plus de 300 espèces de mammifères dont plusieurs marsupiaux, 250 grenouilles et autres batraciens, plus de 200 reptiles, une variété extraordinaire d’insectes, 400 espèces de papillons et beaucoup d’autres espèces que l’on ne connaît pas encore!

UN PAYSAGE MULTIETHNIQUE

En plus de l’extraordinaire diversité biologique que recèle ce pays, on y observe une étonnante diversité culturelle. Les nombreuses vagues d’immigration successives et les particularités de chaque tribu y ont engendré autant de groupes différents. Avec plus de 800 dialectes pour 4,5 millions d’habitants, c’est le pays le plus multilingue du monde!

Cette diversité au sein de sa population n’est pas que linguistique, elle se manifeste également sur le plan ethnique. La population comprend une majorité de Papous (78%) arrivés à pied d’Australie - à l’époque de la dernière glaciation, le niveau des océans étant beaucoup plus bas, ces deux territoires étaient reliés - puis des Mélanésiens (20%), des Negritos (pygmées) et un certain nombre d’Européens.

La diversité linguistique n’entrave pas la communication entre les citoyens, car pour se comprendre, ils emploient des langues communes. Le tok pisin ou le pidgin, une sorte de créole anglais est employé par 45% de la population. Issue de la période de la colonisation anglaise et allemande à la fin du XIXe siècle dans les plantations des îles Samoa, cette langue fut ensuite introduite par les travailleurs dans d’autres parties du territoire, jusque dans leurs communautés villageoises.

Vers 1975, au moment de l’indépendance du pays, le tok pisin fut largement répandu et utilisé au Parlement, dans l’administration publique, les écoles et les médias. L’anglaisdemeure quant à lui réservé à une élite de gens plus scolarisés et est utilisé dans le monde des affaires. La troisième langue, le motu fait partie des langues océaniennes et sert surtout dans le Sud-Est de l’île principale.

La majorité des langues sont utilisées par moins de 1000 personnes et même moins d’une centaine pour plusieurs d’entre elles, ce qui explique le nombre élevé de langues menacées de disparition.

L’ART DES PARURES CORPORELLES

Accordant une grande importance à la protection du territoire, les tribus papoues, surtout celles des Highlands, attachent à la parure une importance capitale. Le Festival du Café qui se déroule chaque année à Goroka et à Mount Hagen est une occasion unique pour eux de rivaliser de beauté et de prestige. Une multitude d’ethnies provenant des quatre coins du pays s’y rassemblent pour célébrer les récoltes, lors des fameux sing-sings.

Au cours de ces rituels majeurs, chants, danses et spectacles très animés constituent une grande fête traditionnelle dans une profusion de plumes, de peintures, de couleurs et d’odeurs. Les participants se peignent le visage et le corps, revêtent des coiffures somptueuses et des habits confectionnés avec des plumes d’oiseaux de paradis et de cassawari, des coquillages, des bijoux de nacre et des fourrures de marsupiaux.

Rivalisant d’ingéniosité et d’extravagance quant aux formes et couleurs de leurs parures ou peintures corporelles ou encore dans leurs chorégraphies, chaque tribu se distingue ainsi l’une de l’autre. Avec leurs figures peintes et les ornements aux couleurs dramatiques, les Hulis sont particulièrement impressionnants, reflétant l’origine guerrière de cette tradition.                              

VIVRE DANS LES TRIBUS

Ces autochtones vivent encore selon les rythmes profonds de la nature et sont fortement attachés aux valeurs ancestrales. Les séjours passés au cœur même des tribus permettent de découvrir différentes facettes de la culture et des traditions papoues. Différentes formules d’hébergement dans les huttes et dans les auberges au sein des villages favorisent la rencontre avec les habitants et offrent la possibilité de découvrir le pays lors de randonnées.

L’accueil des Wahgi dans le village de Nundugle est particulièrement chaleureux et spontané. Les fêtes de réjouissances et les danses jouent un rôle essentiel dans leur vie communautaire, ainsi que le momo, une sorte de BBQ traditionnel.

Dans la région des Highlands où la culture est fortement patriarcale, les femmes n’ont peu ou pas de droits. Ce qui est féminin étant jugé affaiblissant pour le mâle, les hommes adultes vivent dans la «maison des hommes», séparés des maisons familiales des femmes et des enfants.

Chez les garçons, le passage de l’adolescence à l’âge adulte, avec la pousse et la coupe des cheveux, est un rituel hors du commun. Dans l’école de la forêt, cette tradition des «hommes plumes» est entourée de mystère et de secret et se déroule selon des règles strictes dictées par les maîtres, héritées des ancêtres. Il faut 18 mois pour faire pousser une perruque de tous les jours et le double pour une perruque de grande cérémonie. Les cheveux sont ensuite coupés et la perruque décorée de fleurs et des plumes de l’oiseau de paradis, s’appropriant ainsi le pouvoir de séduction de ce magnifique volatile. L’influence de la religion chrétienne tend à faire disparaître cette tradition.

Ce voyage hors du temps peut sembler étrange, voire quelque peu déroutant pour les Occidentaux! Mais, ces mœurs ont une signification bien précise pour les Papous. De telles rencontres demeurent des moments inoubliables! Espérons que cette diversité culturelle survivra à l’influence de la modernité.

Volume - 10

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