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Photos: Magalie Hurtubise

LECTEURS À L'AVENTURE - L'ÎLE AUX MILLE MERVEILLES

UN RÉCIT DE MAGALIE HURTUBISE

Publié le 2 mai 2018,

Au Québec, le mois de mai est synonyme de printemps, de soleil, de chaleur, mais pas down under où je suis en plein coeur de l'automne. Je me lance dans une expédition de six jours sur l'Overland Track en Tasmanie, une île australienne reconnue pour ses extrêmes: pluies très abondantes et rayons ultraviolets puissants. Je ne néglige pas d'apporter mon imperméable et ma crème solaire. Un drôle de mix!

Je me prépare au pire: pluie, neige, grêle, vent. Les prévisions météorologiques ne sont pas très encourageantes. Il annonce trente millimètres par jour les trois premiers jours. Le mercure devrait osciller entre zéro et dix degrés sur le parcours.

Le matin du jour J, je passe au ranger centre pour récupérer la balise GPS que j'ai louée, je m'enregistre officiellement et je prends la navette qui m'amènera à Ronny Creek, le départ du sentier. Je suis à peine arrivée au départ de la trail que la pluie se met à tomber en trombe. Je quitte à regret le petit abri sous lequel je me suis réfugiée pour entamer ce long sentier de 80 kilomètres qui me fera découvrir les merveilleux paysages de cette île.

Jour 1. Ronny Creek à Waterfall Valley Hut (10,7 km)

Mes bottes sont déjà remplies d'eau quand j'atteins le magnifique Crater Lake après une solide montée sous la pluie. Je suis obnubilée par ce qui m'entoure. Le paysage est d'un vert reluisant absolument sublime. Je suis seule, ce qui est plutôt rare compte tenu de la popularité de ce long sentier.

Je m'arrête quelques instants devant, mais pas très longtemps parce que je me mets à frissonner. Il ne fait que zéro degrés. Je grimpe sur le sentier dans une section escarpée, mais ô combien spectaculaire qui mène à Marions Lookout. Mes mains, froides, tentent de se défaire de mes mitaines de laine qui se sont figées sous l'effet de la pluie, du vent et du froid. Je découvre de la neige sous mes pieds.

Photo: dans la montée vers Marions Lookout

Je m'arrête à Kitchen Hut pour m'isoler du vent qui me rentre dedans de plein fouet depuis quelques heures. Un couple de randonneurs, voyant mes lèvres bleutées, verse de l'eau brûlante dans une gourde me la tend. Je la glisse dans mon manteau pour me réchauffer. Je profite de ce petit regain d'énergie pour reprendre mon chemin. J'atteins le premier refuge pour la nuit après quatre heures de marche.

Je me dépêche d'enfiler des vêtements secs. La nuit tombée, je peine à dormir tellement je grelotte. Le système de chauffage au gaz du refuge n'est pas particulièrement efficace. Mon sac de couchage est un + 3 degrés et la température ambiante avoisine zéro degrés.

Jour 2. Waterfall Valley à Lake Windermere (7,8 km)

Je me réveille au son de la douce pluie qui tombe sans arrêt. Je remballe mes choses, remets mes vêtements mouillés et dis adieu aux trois randonneurs qui m'ont tenu compagnie la veille. Le vent s'est calmé. Je réalise qu'être trempée de la tête aux pieds n'est pas aussi désagréable que je l'avais imaginé. Je croise sur mon chemin un sympathique wombat qui part à la course en me voyant. Je dis «partir à la course» avec un brin de sarcasme parce que les wombats se déplacent d'un pas lourd et lent. Ce sont de jolies créatures que je croiserai à quelques reprises sur le sentier.

Je me ravitaille en eau à peu près n'importe où. L'eau est limpide et ruisselle en permanence. J'atteins mon deuxième campement après deux courtes heures de randonnée en terrain peu escarpé.

Jour 3. Lake Windermere à Pelion (16,8 km)

Le ciel est menaçant. Un orage se pointe à l'horizon. Il s'agit de la plus longue journée en terme de kilomètres, mais aussi de la plus exposée. Certains randonneurs choisissent de passer une nuit de plus à Lake Windermere pour éviter cette température infernale. Je décide, après réflexion, de continuer mon chemin. Un autre randonneur se joint à moi.

Les quelques premiers kilomètres se font en silence. La pluie s'abat sur nous comme un torrent déchaîné entrecoupé d'épisodes de grêle. Alors que nous atteignons de superbes plaines de «buttongrass», le ciel se dégage et un arc-en-ciel se dessine au loin. Les mots me manquent pour décrire la beauté de ce moment et de l'émotion ressentie.

Le reste de la journée sera intense: descente sinueuse dans la boue, traversée dans l'eau jusqu'aux genoux dans une eau glaciale, montée à pic, etc. Nous arrivons à New Pelion Hut après quatre heures de randonnée, complètement vidés, mais ébahis par le paysage qui nous entoure.

Jour 4. Pelion à Kia Ora (8,6 km)

Le lendemain matin, je quitte le refuge très tôt. Le soleil brille entre les nuages et le sol est recouvert de givre. Je marche à travers une superbe forêt d'eucalyptus qui se dégage de plus en plus au fur et à mesure que j'avance. Je franchis le col de Pelion Gap dans la neige et sous le soleil. Un moment divin!

Photo: Non, ce n'est pas une chute, c'est bel et bien le sentier!

Le vent se lève et la pluie commence à tomber. J'accélère le pas pour arriver à Kia Ora Hut avant le déluge, mais finalement le soleil sort à nouveau et inonde la plaine d'une chaleur réconfortante.

Jour 5. Kia Ora à Windy Ridge (9,6 km)

La fatigue s'est emparée de moi. Je sens mes pieds lourds. Je trébuche et tombe à plusieurs endroits. Les épines d'un petit arbuste que je ne connais pas m'écorchent les jambes à quelques reprises.

Je prends tout de même le temps de visiter Hartnett Falls en faisant un court détour d'un kilomètre du sentier principal avant de reprendre mon chemin jusqu'à Bert Nichols Hut, mon repère pour la nuit.

Exténuée, je m'assois à l'extérieur du refuge pour admirer la chaîne de montagne qui se dresse devant moi. Le soleil plombe, mais le vent est si froid que j'oublie de mettre de la crème solaire.

L'océanie est située sous un gigantesque trou dans la couche d'ozone. Je réaliserai deux jours plus tard, en me voyant dans le miroir, que j'ai attrapé un coup de soleil. Les rayons ultraviolets sont puissants même lorsque le ciel est couvert. J'aurai eu ma leçon!

Jour 6. Windy Ridge à Narcissus + Echo Point (14 km)

Le sentier est moins escarpé dans cette section. La fin de l'Overland Track est réellement époustouflante. Je marche à travers une plaine de «buttongrass» avant de traverser un pont suspendu qui débouche un peu plus loin sur la rive nord de Lake St Clair. Il s'agit officiellement de la fin du sentier, mais il faut tout de même rejoindre la rive sud par ferry ou en contournant le lac à pied (17,5 km supplémentaires). Si certains optent pour la traversée en ferry jusqu'à l'autre bout du lac, je choisis pour ma part contourner le lac à pied, faute de budget.

Après deux heures de marche, j'atteins Echo Point Hut, située en face du lac. Je découvre avec plaisir que le refuge est équipé d'un poêle au charbon. J'allume un feu et je fais sécher tout mon équipement!

Jour 7. Echo Point à Cynthia Bay (12,5 km)

La pluie tombe à grosses gouttes. Je marche sur une terre imbibée d'eau et jonchée de grosses racines. Je surprends un petit diable de Tasmanie, qui s'enfuit rapidement lorsqu'il s'aperçoit de ma présence. Petit diable, va!

Je mets moins de trois heures à parcourir les derniers kilomètres qui me séparent de Cynthia Bay. C'est un drôle de sentiment que celui de retrouver la civilisation après une semaine passée à côtoyer la nature sauvage. Je franchis la «ligne d'arrivée» trempée jusqu'aux os, le sourire aux lèvres.

Les trucs pratico-pratiques

Les coûts: 200$ pour la traversée complète de novembre à mai et gratuit le reste du temps, 30$ pour la National Park Pass.

Les essentiels (peu importe la saison): mitaines de laine, manteau et pantalons de pluie, compartiments étanches et crème solaire.

Cliquez-ici pour obtenir davantage d'informations à propos de l'Overland Track

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