Article plein air d'ailleurs

photos François Demers  |  Guy Nadeau  |  Marie-Josée Talbot

MON HIMALAYA

PLUS HAUTES MONTAGNES DU MONDE

Publié le 1 juin 2013, par Richard Rémy

UN ROAD TRIP, C’EST UN POINT DE DÉPART ET UNE DIRECTION. SURTOUT LÀ-BAS. C’EST UNE CARTE TOPOGRAPHIQUE AVANT UNE PHOTO. UN RÉCIT AVANT UN GUIDE DE VOYAGE. UN DESSIN. UN VIEUX LIVRE. UNE ÉDITION JAUNIE DU NATIONAL GEOGRAPHIC. UN VIEUX DOCUMENTAIRE. DE CES TRACES ÉMERGENT PEU À PEU UN CHEMIN, DES PAYSAGES, DES RENCONTRES, DE L’IMPRÉVISIBLE…

OK, je partirai de là et j’essaierai de rejoindre ce village en passant par ce col et cette vallée. Il y aura une gorge et une forêt de rhododendrons. J’aurai besoin d’un guide local ou d’un traducteur qui me permettra de parler avec les villageois qui me diront, sourire en coin, que le village que je cherche n’existe pas, que cette carte est remplie d’erreurs. Ou encore qu’il se situe dans la vallée voisine… à trois jours d’ici!

Cette fois j’irai vers une montagne peu connue: le Manaslu. J’irai même cinq ou six fois tellement je vais l’aimer. En passant par un haut col une fois, par la vallée de Tsum, par une gorge hallucinante… En franchissant toujours le col de Larkya, que Bill Tilman considérait comme le plus beau col de l’Himalaya. Venant de lui, ce n’est pas rien (Tilman est un explorateur britannique qui consacra plus de 40 ans à tracer la voie dans le domaine de l’alpinisme et de l’expédition).

Une autre fois, au nord, ce sera vers une enclave tibétaine unique et fascinante: le Mustang. Un trek facile de village en village qui me fera traverser du nord au sud jusqu’au plateau tibétain. Seule l’armée chinoise m’empêchera d’aller plus loin. Des canyons plus profonds que le Grand. Monastères Sakya, des chörtens fabuleux. J’y retournerai souvent aussi pour mieux comprendre.

Un peu à l’est de la plus haute montagne, il y a le Makalu et trois cols mythiques qui bloquent le passage des marcheurs. Il faudra crampons, piolet et cordes pour arriver à franchir trois cols à 6000m. Et il faudra assurer (au sens alpiniste) une équipe de 70 porteurs qui me permet une autonomie de 30 jours. Ce trek, je ne le referai pas, une fois sera assez. Mais je passerai quand même, pour le finir en beauté, au pied de Sagarmatha l’Everest, bien sûr! Et plus à l’est encore, le plus sacré d’entre tous: le Kangchenjunga. Sacré parce qu’on le voit si bien, même des villages tout en bas, et qu’on peut le vénérer, ce qui n’est le cas de l’Everest. À la frontière du Sikkim, ce trek touche au sublime: des jardins botaniques naturels, des forêts enchantées, des lacs, des villages et… cet Himalaya!

Puis, parce qu’il faut bien se la donner facile quelques fois, près de Katmandou, le Langtang et l’Helambu. Plaisirs de villages rai, gurung, tamang. Des groupes ethniques comme le sont les sherpas (sher-pa=homme de l’Est, et non porteur).

Plus tard, en vacances, un petit 7000m à l’écart: le Ganesh Himal. Je le trouverai tellement beau que j’irai par l’est et par l’ouest sans pouvoir en faire le tour… frontières tibétaines obligent.

Un peu plus à l’ouest, il faudra aussi que j’aille voir cette région un peu mystérieuse du Dhaulagiri. Les cartes, il y a 10 ans à peine, étaient encore si mauvaises que je comprends Herzog (premier vainqueur d’un sommet de 8000m) de s’être trompé… C’est le Dhaulagiri qu’il voulait, pas l’Annapurna! Ce sera spectaculaire: le glacier qui mène au col, le cou qui se casse pour voir le sommet. On ne peut nulle part ailleurs être aussi près d’un géant.

Enfin, il y aura cette région que l’on considère la plus reculée du monde. Le Dolpo. Là-bas, le Moyen Âge vient d’arriver. Il faudra de la volonté pour franchir 11 cols à plus de 5000m en une trentaine de jours. Mais que d’histoires de grands maîtres tibétains émergent de ces vallées! Et que de chants des paysans coupant l’orge et le millet!

Lorsque j’ai regardé sérieusement une carte de l’Himalaya il y a une vingtaine d’années, je savais que j’irais. Mais je ne savais pas qu’en une vingtaine de séjours, quelque 600 jours de marche, je le traverserais (souvent) du nord au sud et presque intégralement d’est en ouest.

DU SENS DE L'AVENTURE

Le sens de l’aventure a bien évolué. Qui peut, en 2013, se prétendre aventurier quand on se compare aux Tilman, Shackleton, Livingstone, Stanley, Néel de ce monde? Pas moi! C’est tout autant une question d’époque que de mérite. Je veux bien qu’on dise de moi que je suis un voyageur, mais je ne suis pas un aventurier. En fait au Québec, il en existe très peu, je peux penser à Pierre Bouchard et Jannick Lemieux, qui parcourent le globe à vélo depuis 20 ans. Mais je pense surtout à mon grand ami Pascal Guillaume, décédé alors qu’il s’intéressait, cette fois, aux phares portugais en Asie. On est déjà plus près de l’aventure, non? Ma connaissance de l’Himalaya, je la lui dois.

DU SENS DU TOURISME DURABLE

Et j’allais oublier (mais non, je n’allais pas oublier!) qu’en passant, je me suis fait des amis, don’t probablement le plus grand alpiniste-sherpa de l’histoire: Babu Chiri. Décédé après avoir gravi 10 fois l’Everest, sans oxygène. Cela reste un record! Lui et aussi son frère Tendee, Passang, Nima et d’autres. Ces gens, je les aime profondément et ils me touchent parce que leur rêve n’est pas d’avoir une voiture de luxe, mais une école. C’est donc ce cadeau que Karavaniers leur a offert dans leur vallée et depuis ce temps, l’agence défraie, bon an mal an, le salaire de deux enseignants.

PROCHAINS VOYAGES

Cet été je serai au Ladakh, l’Himalaya indien. Et je prépare une jolie traversée tout à l’ouest pour atteindre la région de Mugu en partant du Dolpo.

Partez avec Richard www.karavaniers.com

Volume - 11

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