Article plein air d'ailleurs

SOUVENIRS D’AFRIQUE

AFRIQUE / CARNET DE VOYAGE

Publié le 1 décembre 2011, par Diane Laberge

LA SAVANE DU KENYA ET DE LA TANZANIE N’A PLUS DE SECRETS POUR CE BIOLOGISTE DEVENU GUIDE DE SAFARI. JULIEN PASSERINI Y EST ALLÉ PLUS DE VINGT FOIS. CHAQUE FOIS, IL S’ÉMERVEILLE. DÉCOUVERTES S’EST LAISSÉ SÉDUIRE PAR SON RÉCIT DE VOYAGE.

Pour bien prendre le pouls de l’Afrique de l’Est, pour saisir la pleine mesure de la beauté de ses paysages et celle de ses tribus, rien de mieux que de l’apprivoiser de près. Pour moi, le camping reste la meilleure façon de s’imprégner de la culture africaine dans tout ce qu’elle offre de diversité et de dépaysement, tant au niveau de la faune que des modes de vie de peuples vivant encore aujourd’hui de façon traditionnelle. En dépit d’un tourisme de plus en plus présent, l’Afrique de l’Est conserve toute son authenticité, si l’on choisit d’y vivre à la manière de ses habitants, dans le respect de leur culture, privilégiant une forme de tourisme culturel profitant directement aux communautés locales. Produire du méthane pour alimenter un village en électricité à partir de la bouse de vache, construire un bain de vache pour enlever les tiques ou ériger un centre communautaire… une chose est sûre, l’argent que nous laisserons ici sera bien investi.

Séjourner au Kenya et en Tanzanie, c’est partir à la rencontre de gens vrais, habitant un territoire encore sauvage considéré comme le «berceau de l’humanité». Bienvenue en Afrique de l’Est!

JOUR 1 - NAIROBI ET SES ENVIRONS

Il n’est pas rare de croiser une première girafe dès l’arrivée à Nairobi, sur la route allant de l’aéroport à la ville, l’une des plus grosses métropoles africaines. Autre dépaysement à ne pas minimiser: devenir tout à coup une minorité très visible. Nous voilà déjà déstabilisés et le voyage est à peine commencé!

Même si Nairobi ne possède pas vraiment d’attraits majeurs, on choisira peut-être d’y visiter le musée anthropologique, mais l’idée première est bien d’entreprendre le safari le plus rapidement possible. Nous voilà donc en route vers le Mont Kenya, le deuxième plus haut sommet d’Afrique, où nous passerons la nuit.

JOUR 2 À 6 - AU PAYS DES SAMBURUS

J’adore cette zone, car j’aime y fréquenter les Samburus, peuple coloré dont les bijoux et les vêtements traditionnels sont d’un exotisme extraordinaire. La réserve de Samburu dans laquelle nous nous trouvons porte le nom de la tribu qui habite ce territoire semi-désertique où, grâce à la proximité de la Uaso Nyiro, on retrouve plusieurs espèces animales adaptées à ce climat aride. C’est le cas de la girafe réticulée, du zèbre de Grévy – il n’en reste que 5000 sur la planète – des oryx, des guérénuks, sorte d’antilope singulière qui se nourrit dans les arbres, debout sur ses deux pattes arrière.

Le paysage est unique. On pourrait le comparer aux canyons isolés de Monument Valley, à la frontière de l’Arizona et de l’Utah. Malgré la beauté phénoménale du site et la rencontre de quelques beaux spécimens animaliers, c’est plutôt la rencontre avec les Samburus qui vient enrichir cette partie du voyage. Nous avons établi notre bivouac dans leur cour, façon de parler. Le matin, au lever du soleil, ou le soir autour du feu, les Samburus sont des nôtres, partageant avec nous leurs chants traditionnels et leurs rituals quelque peu étranges comme celui de boire du sang de vache, mélangé avec du lait. Côté bouffe, nous nous régalons des recettes de notre cuisinier kenyen qui jouera d’ugali – plat typique du Kenya à base de farine de maïs – de légumes et d’agneau pour finir de séduire le groupe. La magie opère. Mais le véritable moment de magie viendra sous la tente, quand la nuit tombée, on pourrait bien entendre rugir les lions, barrir les éléphants et rire les hyènes… Au milieu de la nuit, les sons de la savane prennent une toute autre couleur.

Nous passerons trois nuits dans ce camping au cœur de la réserve. Tous les jours, nous randonnons – à pied ou à bord de notre véhicule tout-terrain aux immenses fenêtres – sur un circuit différent nous menant sur les escarpements de la vallée du Rift, avec ses 600m de profondeur là, juste en dessous. La vue est spectaculaire, on se croirait à Parc Jurassique tellement on ne serait pas étonnés de voir apparaître un dinosaure en bas, dans la vallée.

Plus près du lac Baringo, nous rencontrons deux autres tribus africaines – les Njemps et les Pokots – que l’on reconnaît à leurs gros colliers bien ronds. Ce qui retient ici l’attention, c’est la quantité d’oiseaux que l’on peut observer à partir de notre bateau. L’endroit détient d’ailleurs le record d’observation en une seule journée, soit 400 espèces. Nous apercevons aussi nos premiers hippopotames tout en observant le mode de vie des Njemps, peuple pêcheur habitant les îles du lac Baringo.

JOUR 7 À 11 - LES INCONTOURNABLES DU KENYA

Voilà que débute le véritable safari. Nous commençons par la visite de la réserve de Nakuru. Vous vous rappelez la scène de Souvenirs d’Afrique, quand Robert Redford survole un lac avec des centaines de milliers de flamands roses? C’est ici. Il y en a tellement que le tour du lac est tout rose. Impossible de ne pas sortir la caméra. Autour du lac, des boisés d’acacias à écorce jaune, une forêt et au-delà, la savane. Nous sommes au fond de la vallée du Rift, l’un des meilleurs endroits pour observer les rhinocéros, l’une des espèces les plus menacées de la planète. La région est habitée par les Kikuyus, peuple agricole, moins coloré, qui vit bel et bien au cœur du 21e siècle, habillé comme vous et moi. Le paysage est ici extraordinairement beau, mais… le plus beau reste encore à venir.

C’est au cœur de la réserve nationale du Masaï Mara, l’un des plus beaux parcs d’Afrique, que les cœurs commencent à battre la chamade. Il n’y a qu’ici – et au Serengetti – que l’on peut retrouver un tel écosystème. On y vient pour la diversité de la faune et le contact avec les Masaïs, un peuple avec qui nous avons établi un contact bien particulier depuis bientôt 15 ans. Nous aurons droit à leur compagnie, à leurs histoires et à leur protection – contre les hyènes et autres bestioles – durant les trois nuits que nous passerons dans la réserve.

C’est aussi avec eux que nous pistons le territoire. Il n’y a qu’eux pour voir la petite oreille de guépard qui bouge dans l’herbe. Aujourd’hui, nous aurons la chance d’assister de près au festin de lions se régalant d’une girafe, au combat féroce de mâles et de femelles protégeant leurs portions, tout ça avec un troupeau d’éléphants qui passe par là en arrière-plan. Une scène exceptionnelle, un coup de chance incroyable, faut bien le dire!

Quand tout ce beau monde aura délaissé la carcasse, notre guide masaï y retournera couper la queue de la girafe, considérée comme le meilleur chasse-moustique de luxe qui soit et représentant une petite fortune pour un Masaï. Machette en main, nous assisterons à une troublante confrontation lion-masaï au cours de laquelle le Massaï montrera sa capacité spectaculaire à entrer en contact avec l’animal, jusqu’à le faire fuir. Une scène saisissante qui ne se présente pas tous les jours, mais qui alimentera ce soir-là les rêves de plusieurs d’entre nous.

JOURS 12 À 15 - BIENVENUE EN TANZANIE

Il faudra rapidement repasser par Nairobi – pour se ravitailler – avant d’atteindre Arusha en Tanzanie. Mais avant, nous nous arrêtons au pied du Mont Méru, un volcan s’élevant à 4600m d’altitude. À la base de celui-ci, un microclimat fait pousser des bananiers et des plantations luxuriantes dans un paysage par ailleurs semi-désertique. On visite, à pied, des villages peu fréquentés, randonnant à travers les plantations de café et de bananiers. Tout ça, juste à côté de la bourdonnante Arusha, capitale des safaris en Tanzanie.

Après deux jours dans la région, nous partons pour le Lac Eyasi où nous montons à nouveau le bivouac dans un environnement très sec où poussent de beaux baobabs, avant de passer une journée émouvante en compagnie des Hadzabés, peuple de chasseurs-cueilleurs dont il ne resterait que 2000 individus. Tous les matins, les Hadzabés partent chasser à l’arc l’oiseau ou le gibier pour nourrir les familles. Cette tribu – qui ne parle que l’hadza – a un étonnant sens du partage et de solidarité avec les membres de sa communauté.

Il est toutefois difficile, en tant qu’étranger, de créer un lien avec eux tant notre présence semble très peu les intéresser. Nous sommes toutefois autorisés à les accompagner à la chasse, en observateurs timides et disons-le, complètement déstabilisés.

Les jours suivants sont consacrés au cratère de Ngorongoro. Ce volcan implosé atteignant jusqu’à 600m de dénivelé est certainement l’une des plus grandes merveilles d’Afrique. À l’intérieur du cratère, c’est l’Afrique en miniature. On y retrouve tous les écosystèmes: de l’eau douce, de la savane, des forêts d’acacias… mais c’est la forte concentration d’animaux qui retient ici l’attention, tant la densité est phénoménale. On atteint le fond du cratère en Land Rover en empruntant des pistes étroites rasant d’imposants murs de végétation. L’effet est saisissant! Une véritable Arche de Noé!

JOURS 16 À 21 - ZANZIBAR, L’ÎLE AUX ÈPICES

Après une nuit de sommeil à l’hôtel, on s’envole vers l’île de Zanzibar, perle de l’océan Indien située au large de la Tanzanie. La visite de Stone Town, ancien comptoir de marchands d’esclaves, désigné patrimoine mondial par l’UNESCO, s’avère un moment magique d’un tout autre type. Les Swahilis, issus du métissage des peuples noirs et arabes, y vivent du commerce des épices. L’endroit embaume la cardamome, le clou de girofle et la cannelle.

La vieille ville est un véritable labyrinthe dans lequel on aime se perdre, entre les monuments historiques, les souks et les marchés d’épices. Il y a ici tant à voir que nous y séjournerons les quatre derniers jours, à simplement profiter du temps qui passe. À savourer les odeurs de la forêt tropicale où se retrouvent quelques spécimens de singes endémiques, les colobes rouges; ou à profiter de la mer avec ses festins de poissons frais et de fruits de mer. D’autres choisiront l’expérience plus balnéaire: les ballades à bord d’un voilier traditionnel – le dhow, la baignade avec les dauphins, la plongée sur la barrière de corail, sans oublier les plages paradisiaques où on prendra plaisir à se remémorer les moments forts d’un voyage fantastique au bout du monde, à la rencontre d’un peuple fier et coloré et de paysages que l’on n’est pas prêt d’oublier. Sans parler du bonheur de partager avec les amis les centaines de photos que l’on rapporte. Dont celle du fameux léopard somnolant sur la branche d’acacia. Un incontournable!

QUI SUIS-JE? Biologiste de formation, Julien Passerini a été guide en Afrique pendant cinq ans avant de revenir s’établir au Québec. C’est ici qu’il a créé Explorateur il y a 15 ans, voyagiste reconnu pour sa capacité à débusquer l’inédit dans des voyages qui fournissent indubitablement une occasion de repousser ses limites, d’affronter ses peurs et de vaincre ses préjugés.

CE QU’IL FAUT SAVOIR: À quel moment y aller? Éviter la saison des pluies, soit avril, mai et une partie de novembre.

BUDGET? Prévoir environ 7000$ pour un voyage de trois semaines, incluant transport aérien et terrestre, hébergement et nourriture.

http://www.explorateur.qc.ca

Volume - 8

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