Article plein air d'ailleurs

Photos dans l'article: Éric Marchand

LES BAHAMAS – VOILIER EN FAMILLE

Voyage / Bahamas

Publié le 10 octobre 2018, par Tania Berthelot

MON CONJOINT ET MOI, ACCOMPAGNÉS DE MES 3 ENFANTS, AVONS DÉCIDÉ DE PARTIR EN VOILIER, ET CE, MALGRÉ NOTRE MANQUE D’EXPÉRIENCE EN NAVIGATION. NOTRE ENVIE SI FORTE DE NOUS EMBARQUER NOUS A CONDUITS À PRENDRE RAPIDEMENT LES MOYENS NÉCESSAIRES POUR METTRE À TERME NOTRE PROJET. À PEINE QUELQUES MOIS PLUS TARD, NOUS QUITTIONS AUX AURORES NOTRE ANCRAGE DE KEY BISCAYNE (FLORIDE), DIRECTION BAHAMAS.


LA PRÉPARATION

Huit semaines ont suffi pour relever le triple défi. Tout d’abord, nous procurer un véhicule motorisé afin d’assurer un confort aux enfants jusqu’en Floride, point de départ de notre aventure. Une fois là-bas, y magasiner un voilier. Le tout avec un budget restreint! Pendant qu’Éric sillonnait Montréal et nous dénichait une «cacahuète roulante» (alias le camper), je rassemblais tout le matériel scolaire et passais quelques jours chez mes parents où les enfants faisaient la classe. Arrivés en Floride, nous avons épluché tous les journaux locaux, visité des dizaines de marinas et cours arrières ainsi que griffonné plusieurs calepins avant de mettre la main, début décembre, sur Ozone, un Morgan OutIsland de 33 pieds conçu spécialement dans les années 70 pour la navigation dans les Keys et les Bahamas! Ce jour heureux a marqué nos premiers balbutiements dans le monde de la voile. Étant tous deux, mon conjoint et moi, des fanas de kitesurf, nos bonnes connaissances en vent, quelques heures de manœuvres sur un dériveur de 15 pieds et des lectures pratiques sur les cartes marines et les instruments de navigation nous ont permis de nous préparer pour ce grand voyage. Autodidactes confiants et prudents, nous avons complété par quelques lectures sur des périples similaires tel que La Vlimeuse et Et si c’était ça la vie, question de bien comprendre dans quoi nous nous embarquions tous. Jamais nous n’avons pris de risques comme de prendre la mer par vents forts ou si la météo était incertaine, préférant attendre la bonne fenêtre météo et se la couler douce en se tenant bien à l’abri.

Mes enfants, Galahad, Shani et Mahikan, étaient très enthousiastes à l’idée de partir en voyage sur une longue période, mais ils démontraient toutefois quelques inquiétudes par rapport à ce type d’expédition. Que nous arrivera-t-il si le voilier chavire? Est-ce que j’aurai le mal de mer? Que ferons-nous sur le voilier pendant les traversées? Lors d’un précédent voyage en sac à dos en Asie du Sud-est, ils ont appris que faire des concessions menait à de riches et précieuses opportunités de faire des découvertes extraordinaires. Ils ont donc très vite réalisé que s’ils étaient capables de vaincre leurs peurs, ils pourraient nager avec les poissons tropicaux dans leur habitat naturel, pêcher la langouste pour le souper, plonger du voilier dans une eau plus limpide que la piscine ou encore organiser leurs horaires d’école selon les heures de pêche et de baignade. Nous admirons leur courage mis à toute épreuve qui me fait prendre conscience que ma peur des vagues n’est qu’un humble défi à relever!


EN ROUTE, OU LARGUER LES AMARRES!

Nous avons tous ensemble, et dès le départ, établi les règles de sécurité à bord d’Ozone. Ainsi, Eric et moi avons défini nos rôles et imposé le port du gilet de sauvetage lorsque le bateau est à voile. À chaque départ, les enfants devaient choisir une place confortable en fonction de la gîte du bateau. Ils pouvaient pêcher à la traîne, s’allonger sur le pont, s’asseoir dans le cockpit avec nous ou encore rester à l’intérieur tant que la position adoptée était sécuritaire. La plupart du temps, ils préféraient profiter du grand air lorsque nous étions à voile, sûrement aussi pour éviter le mal de mer. La navigation dans les Bahamas est souvent comparée à une navigation facile en raison des eaux peu profondes. Comme dans une grande piscine quoi! Malgré cela, les enfants ont déterminé qu’il était plus prudent de porter la veste de sauvetage en tout temps et gare à celui qui l’oubliait!

Notre traversée Miami-Nassau a duré trois jours en raison d’une panne de moteur et de vent. Dès lors, les enfants se sont montrés très patients et coopérants en nous voyant à la mercie de la météo de même que totalement dépendants de nos capacités à gérer des situations stressantes et de les résoudre avec les moyens du bord.

Par chance, nos amis Isabelle et Marc, à bord d’Isla Bonita, avaient ralenti leur vitesse pour ne pas nous perdre de vue et nous soutenir moralement. Sur la VHF, Isabelle a même entamé avec les enfants une chanson à répondre jusqu’à ce que le vent se lève. Mahikan a ensuite suivi la progression d’Ozone sur le GPS avec l’air satisfait de voir notre bateau filer à 6 nœuds pendant que Shani et Galahad, assis à la proue, faisaient aller leurs pieds au-dessus de l’eau en s’émerveillant de sa couleur teintée de vert émeraude et en y regardant sauter les poissons volants.


DES EXPÉRIENCES INNOUBLIABLES

À ce moment précis, j’ai ressenti que les liens se resserraient et que nous nous rapprochions de notre objectif de vouloir renforcer certaines valeurs familiales. À vrai dire, jamais un voyage ne nous l’a autant permis car l’espace de vie très étroit du voilier encourage beaucoup la communication et le respect tandis que le mode de vie marin exhorte à la patience et à la créativité. Après trois semaines en autonomie totale, soit la moitié de notre séjour dans les Bahamas, le constat a frappé au moment de s’approvisionner au village de Staniel Cay alors qu’on réalise qu’on a perdu l’utilité du portefeuille et gagné à réinventer des recettes avec les tomates en boîte! D’ailleurs, de retour au Canada, nous avons souffert de ce que j’appelle le syndrome du Trop, tout, maintenant qui nous a valu un bon mois de réadaptation à la vie quotidienne.

La chaîne d’îles des Exumas est un paradis pour les amateurs de kitesurf et de pêche que nous sommes. D’îles en îles, on a trouvé d’extraordinaires endroits de kite dans des lagons où les requins-citron et requins-marteaux viennent se reproduire. Mahikan et Eric ont pêché presque tous les jours poissons et langoustes au point où la peur du requin a disparu à force de rencontres. En discutant du voyage avec Shani et ses frères, j’ai constaté qu’au-delà des découvertes uniques et fascinantes faites au contact de la mer, ils avaient appris beaucoup sur eux-mêmes. Mahikan est devenu conscient de sa force physique en natation qu’il associe aux heures innombrables de pêche en mer avec son Hawaian Sling, un type de harpon. Galahad a appris à nager en apnée, avec masque et tuba, avant même de savoir nager, attiré par la beauté des coraux et la vie des poissons. Shani m’a rapporté sur un ton confiant et positif que ce voyage l’avait particulièrement rendue plus débrouillarde et patiente. Les réflexions et réalisations personnelles des enfants nourrissent l’imaginaire et le désir de continuer à voyager en famille. La vie foisonne d’occasions de lever l’ancre à condition de bien vouloir arrêter de remettre à demain ce qui peut être fait aujourd’hui!

Nous avons laissé notre cœur et nos tripes nous guider dans cette aventure qui ne relève pas de l’exploit humain. Notre succès est d’avoir osé vaincre nos peurs puis réussi à aller au bout de notre rêve qui pourrait très bien devenir le vôtre, qui sait?


TANIA BERTHELOT ET ERIC MARCHAND sont deux madelinots d'adoption. Ils vivent de leur passion, le kitesurf, depuis plusieurs années et ce, de façon professionnelle. En 1999, Eric a ouvert aux Iles de la Madeleine la première école de kite au pays et une autre à Oka (Montréal). La passion pour la glisse et les sports de vent les a amenés à s'intéresser à la voile. Mais c'est surtout au contact de la famille d'Isla Bonita que le projet du voilier a pris forme. Isabelle et Marc, accompagnés de leurs deux jeunes enfants, partaient chaque année pour quelques mois aux Bahamas à bord de leur catamaran. Ils ont été pour eux une grande source d'inspiration et de motivation.

aerosport.ca

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