Article plein air au Québec

Régions



Derniers articles

5 virées incontournables d'Alex Harvey
Sillonner le Parc du Bic l'hiver
Le Mont Sutton - Une expérience authentique
La Vallée Bras-du-Nord - Vue sur la Vallée

photos Jacques Breton

7 JOURS, 8 PERSONNES, UNE RÉGION À TRAVERSER

ICI / CHARLEVOIX

Publié le 1 décembre 2013, par Jacques Breton

APRÈS PLUSIEURS MOIS DE RÊVE ET QUELQUES SEMAINES DE PRÉPARATION, NOUS VOILÀ ENFIN TOUS AU BUREAU DE LA TRAVERSÉE, À SAINT-URBAIN EN CET APRÈS-MIDI DE FÉVRIER. NOUS SOMMES FÉBRILES. LES SACS OUVERTS ET LES PAQUETS ENTASSÉS SUR UNE GRANDE TABLE AVEC CRAYONS DE FEUTRE ET ÉTIQUETTES POUR RÉGLER LES DERNIERS DÉTAILS LOGISTIQUES DE CETTE EXPÉDITION. POUR MÉNAGER NOS FORCES, NOUS AVONS OPTÉ POUR UNE TRAVERSÉE «DE LUXE». CELLE-CI COMPREND LE TRANSPORT QUOTIDIEN DE NOS BAGAGES DANS LES CHALETS OÙ NOUS PASSERONS NOS NUITS. DEVANT NOUS, SEPT JOURS DE LIBERTÉ TOTALE POUR DES RANDONNÉES À TRAVERS UN DES FLEURONS DU PAYSAGE NORD-AMÉRICAIN. 

Le JOUR 1 de la Traversée ne compte que quelques kilomètres, entre la route 381 et le chalet de l’Écureuil. La lumière de fin d’après-midi rend plus attrayantes encore les montagnes qui nous entourent. Nous avons à peine le temps d’enfiler nos skis et de nous réchauffer sur le terrain plat que déjà, nous sommes rendus au chalet. Nous allumons le poêle et accueillons peu après la motoneige transportant nos effets et 40 litres d’eau potable. C’est déjà l’heure de prendre l’apéro, préparer le premier repas, rêver au lendemain et organiser notre vie communautaire. À huit personnes, il vaut mieux planifier et organiser rondement les choses. Notre groupe se connait de longue date et poursuit les mêmes objectifs, de telle sorte que nous nous entendons rapidement sur les choses essentielles: les heures de lever, le rythme de l’expédition, la gouvernance. Nous finissons la soirée en regardant encore une fois la carte du lendemain. Ceux qui ont déjà fait cette expédition racontent aux nouveaux leurs aventures passées.

JOUR 2

6h: Louis s’est déjà levé en silence et le poêle ronronne bientôt. Le déjeuner s’effectue rapidement et copieusement. Dès 8h, nous attachons nos skis. Il faut faire vite avant que nos mains gèlent: le thermomètre indique -24oC. Dans ces conditions, il faut une bonne réserve d’énergie, car les pauses de repos ne peuvent être bien longues. La neige crisse sous nos skis et la lumière est magnifique. Dès les premiers 100 mètres, nous sommes plongés dans un autre monde: celui de la blancheur silencieuse qui s’étire devant nous. Jusqu’au chalet de la Marmotte, nous longerons les monts Morios et Eudore-Fortin. En descente principalement.

J’apprécie les peaux de phoques sous mes skis qui me ralentissent dans les descentes abruptes aux virages serrés. Tout au long du parcours, nous veillons tous à rester groupés, question de sécurité. Nous parlons peu. Plusieurs éléments retiennent notre attention dans cette deuxième journée: les traces de l’incendie de 1991 ou de celui de 1999, les falaises des Morios, les arbres tombés sur la rivière du Gouffre que l’on suit dans sa descente.

C’est une journée relativement calme, mais tous avouent à l’arrivée que la dernière montée fut épuisante. Pas de joie sans effort, médite-t-on parfois. Une bonne bière froide, même en février, en guise d’apéro, et chacun raconte sa journée faite de simples plaisirs.

L’une des motivations de ces expéditions est sans contredit le bonheur de partager une petite portion de vie quotidienne avec nos amis. Rencontrer un ami autour d’un repas est agréable, mais le côtoyer dans l’effort ou la joie de l’action est encore plus riche. Nous racontons notre journée, oui, mais nous nous racontons aussi dans une conversation pleine de références à nos expéditions passées.

JOUR 3

Aujourd’hui, le parcours se corse: si nous voulons profiter de la vue sur les Hautes-Gorges et le fleuve, au sommet de la montagne de la Noyée, il nous faudra monter longtemps, mais tout le monde est partant. Le fond des vallées, ce n’est pas pour notre groupe! Le sentier qui nous y mène est sinueux et exigeant. Le souffle court, nous avançons en silence de façon régulière. Le thermomètre indique -15oC, mais nous avons chaud. Nos efforts seront récompensés puisque le haut de la montagne est cristallin, la visibilité impeccable et nous pouvons admirer le panorama jusqu’au fleuve, le temps du lunch, pas plus! L’après-midi sera difficile: descentes abruptes et montées fréquentes. Il faut concentrer son énergie et avancer malgré la fatigue. Vers la fin, aux deux derniers kilomètres, la tentation de prendre la route plutôt que le sentier… Refusé!

Ce soir on devra voter l’interdiction de se coucher trop tôt! Finalement, à 20h15, tout le monde est au lit dans le dortoir qu’on a essayé de ne pas trop chauffer. Et moi, je m’endors tranquillement au son de la musique de Cecilia Bartoli… et des ronflements de ceux qui dorment déjà!

Les JOURS 4 et 5 se dérouleront de la même façon, dans une alternance montée et descente, à travers des paysages profonds de l’arrière-pays charlevoisien qui nous surprennent constamment. Les soirées de repos sont douces et très bien méritées… À cette étape, bien que nos muscles soient maintenant rodés, et le moral à son mieux puisque la fin des efforts approche, nous devons admettre que la fatigue commence à s’accumuler. Le sixième soir, satisfaits de notre dernière grosse journée d’endurance, on commence à sentir les soucis du quotidien qui refont surface. Ceux que nous avions délaissés depuis une semaine au profit de cette indescriptible fusion avec la nature et l’instant présent. Demain sera la dernière étape de notre parcours, celle où nous déchausserons nos skis au pied du mont Grand-Fonds. Nos sentiments sont partagés entre l’euphorie et la nostalgie, mais déjà teintés de la véritable intention de renouveler ce bonheur.

http://www.tra verséedecharlevoix.qc.ca

MATÉRIEL

Bottes de ski solides, skis larges et peaux de phoque (essentielles — les sentiers sont parfois étroits et abrupts et il est difficile d’y monter en canard ou d’effectuer un arrêt rapide);

Matériel de réparation;

Vêtements chauds, mitaines de rechange, chauffes-mains selon la saison.

LES CHALETS comprennent poêle à bois ou à gaz, batterie de cuisine complète, matelas de sol;

LES REFUGES ne comprennent que le poêle à bois;

Carte du territoire en vente au bureau de La Traversée, coordonnées GPS disponibles pour les chalets et refuges;

Transport des bagages: en formule autonome ou de luxe (même l’eau potable est livrée en formule de luxe).

DISTANCES approximatives, en incluant tous les points d’observation possibles:

J1: 4,2km — Coucher au chalet de l’Écureuil, du Caribou, de la Taïga ou au refuge du Cadot (chemin forestier de la ZEC);

J2: 14,9km — Coucher au chalet de la Marmotte ou au refuge Boudreault (trajet dans la vallée le long des monts Morios et Eudore-Fortin);

J3: 19,4km — Coucher au chalet de la Chouette ou au refuge du Bihoreau (haut de montagne de la Noyée);

J 4: 19,6km — Coucher au chalet du Geai-Bleu ou au refuge du Prophète (boucle du Bihoreau, vue sur les Hautes-Gorges de la rivière Malbaie);

J 5: 15,7km — Coucher au chalet du Coyote (lacs, vallées, montagnes érodées);

J 6: 19,7km — Coucher au chalet de l’Épervier (lacs, vallées, montagnes érodées);

J 7: 12,4km — Sortie au Mont Grand-Fonds (en partie dans les pistes de ski).

PARCOURS OPTIONNELS

Le trajet de 7 jours n’est pas la seule option: il est possible de sortir du sentier au bout de 2 ou 3 jours à partir du chemin du Pied-des-Monts, ou même de combiner les trajets du raid avec les sentiers de courtes randonnées en demeurant plus d’une nuitée à chacun des chalets ou refuges.

Volume - 12

Partagez l'article!


Derniers articles

5 virées incontournables d'Alex Harvey
Sillonner le Parc du Bic l'hiver
Le Mont Sutton - Une expérience authentique
La Vallée Bras-du-Nord - Vue sur la Vallée

Recherche

Nouvelle édition »

s'inscrire à l'infolettre

Calendrier des activités