Traversée du Saint-Laurent - Carnet de bord (Première partie)

9h15 – Jeff sonne l’heure du départ en ce samedi matin brumeux à la gare d’autobus de Sainte-Foy. Les participants de la Traversée du Saint-Laurent étaient faciles à reconnaître sur le quai, avec leurs doudounes sur le dos, leurs raquettes et leurs skis de fond bien emballés. On salue les habitués; on se présente à quelques « nouveaux »… Et c’est parti à bord du bus Keolis, en route pour la Gaspésie. C’est le début de ces « vacances sportives » à saveur éminemment gaspésienne promises par les organisateurs de la TDLG. Pour sa 15ème édition,  l’hivernale Traversée de la Gaspésie fait une entorse à la tradition « pur produit gaspésien » pour célébrer le grand fleuve et le 375ème anniversaire de Montréal.

Après une virée dimanche dans le parc national Forillon, puis deux jours dans la région de Matane, skieurs et raquetteurs envahiront Charlevoix (La Malbaie et le parc national des Grands-Jardins), puis s’épivarderont à Québec pour finir leur périple sur le Mont-Royal à Montréal. Comment ? Dès ce soir, à Gaspé, tout ce beau monde embarquera à bord du Vacancier, bateau-amiral de la CTMA, pour une croisière hivernale sans pareil. J’ai bien hâte moi-même de vivre cette aventure maritime sur les eaux du golfe, puis du fleuve Saint-Laurent… entre deux super randos quotidiennes à ski ou en raquettes. Demain dimanche, on commence en grand avec un parcours de rêve dans le parc national de Forillon, avec neige fraiche promise par la météo.

D’un pont à l’autre

Pour l’heure, la quasi-totalité des participants à la « traversée » converge de Montréal ou Québec vers Gaspé à bord d’autobus nolisés. Bye bye le fleuve et ses glaces éparses aperçues du pont de Québec. On les retrouvera en fin d’après-midi du pont du Vacancier, dans la baie de Gaspé.

Mon compagnon de voyage est plutôt original. Il se nomme contrebasse (celle du musicien Juan Cruz, du Jazz Trio), prélude à une belle aventure musicale aussi. Car la TDLG a pour constante de mêler sport et culture, musicale surtout ! Je me souviens d’un refuge surchauffé par la musique des Zappalaches au sommet du Mont-Albert, d’une danse effrénée sur l’heure de midi dans une église gaspésienne, entre deux tronçons de ski de fond… Ils sont nombreux encore cette année, les musiciens qui accompagneront les pas des skieurs et raquetteurs, du matin au soir, dans des lieux souvent improbables ou pour l’après-ski.

Digne rançon de l’effort physique, les soirées TDLG sont toujours mémorables. Celle-ci ne dérogera surement pas à la règle, avec ses apéros et soupers de fine cuisine « gaspéso-saint-laurentienne », ses séances nocturnes de cinéma, conférences, lectures, lancement de livre, concerts… De quoi alimenter grandement ces chroniques que je vous livrerai au compte-gouttes - mais en doses concentrées comme une huile essentielle - chaque jour de la prochaine semaine. Bienvenue à bord!

Jour 2

« Je vous souhaite une bonne semaine. Ça va être le fun ». Même Bernard Langford, le capitaine du Vacancier, le navire de la CTMA qui transporte les 250 participants à cet évènement de plein air hors du commun (plus 100 organisateurs, musiciens et journalistes,  et 90 membres d’équipage) est euphorique. Après un apéro musical et un premier délicieux souper à bord un peu tardif, vu l’heure d’arrivée des autobus de Montréal et Québec, tout le monde est allé se coucher assez tôt.

6 h – les premiers matinaux commencent à s’ébrouer dans leurs petites cabines. À 6h30, le navire semble se réveiller de partout. À 7 heures, le restaurant est déjà bien occupé et le comptoir où récupérer son lunch aussi. À 8 h, certains ont déjà farté leurs skis dans la cale du bateau. Les sacs sont prêts pour la journée. On remonte au salon pour le rendez-vous quotidien où sont données les informations du jour : trajets en ski et en raquettes, heure d’embarquement dans les autobus pour se rendre au lieu de départ; heure de retour pour ne pas rater… le bateau qui doit quitter Gaspé en soirée pour naviguer toute la nuit jusqu’à Matane.

Branlebas de combat : après la séance d’information, tout le monde descend sac sur le dos dans la cale du navire. Des dizaines et des dizaines de sacs de skis et de raquettes jonchent le sol et chacun va devoir trouver le sien ! On sort à la queue leu leu du bateau. Les autobus nous attendent sur le quai. En route pour le parc national Forillon… Le temps n’est pas très beau : plafond bas, nuages gris mais… il ne pleut pas, c’est le principal !

Un long ruban de skieurs et raquetteurs s’étire sur la piste. En ski, le parcours de 23 km débute par la traversée d’une belle sapinière avant de rejoindre la route d’été du bord de la Baie de Gaspé. Quelle vue nous aurons tout au long de cette journée avec le phare de Cap Gaspé pour apothéose, puis retour sur la même piste, large, bien tracée bien qu’un peu glacée. À quelques passages étroits et en pente, on fait la file pour se lancer dans le vide. Certains tombent, d’autres non. On admire les différentes techniques au passage, bâtons entre les jambes ou sur le côté…

Au retour, les plus curieux et gourmands s’arrêtent à Grande-Grave, point d’arrivée de la piste de raquettes. Dans la maison où un poêle à bois a été allumé, boire du vin chaud et manger une bouchée de maquereau fumé revigore avant la dernière étape du jour : 5 km qui mèneront à l’autobus, au bateau, à la bonne douche chaude, à l’apéro, au souper, à la soirée culturelle qui s’annonce : film L’Ours noir et le bout du monde; conférence de Julie Payette, une habituée des Traversées de la Gaspésie. Puis chacun regagnera sa cabine pour un repos bien mérité.

Lisez la suite de notre couverture de la Grande Traversée du Saint-Laurent, cette semaine sur le blog du Magazine Découvertes!

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