Entrevue plein air

Nos entrevues



Derniers articles

ENTRETIEN AVEC BERNARD VOYER, COLLECTIONNEUR DE SOMMETS
Les peurs contrôlées de Mylène Paquette
ENTRETIEN AVEC NICOLAS BODART
PATRICK READER, LE PARTAGE D’UNE PASSION POUR L’ARCTIQUE ET LES MERVEILLES DU MONDE!

EN ORBITE AUTOUR DU MONDE

ENTREVUE / BRUNO BLANCHET

Publié le 1 décembre 2010,

 

À 40 ANS, BRUNO BLANCHET BALANCE UNE PROLIFIQUE CARRIÈRE D’HUMORISTE, DE COMÉDIEN ET D’AUTEUR, ENFILE SON SAC À DOS ET PART À L’AVENTURE. DU BOUT DU MONDE, DANS DES CHRONIQUES ET DES LIVRES AU TON LÉGER REMPLIS D’HUMOUR ET DE BEAUCOUP DE TENDRESSE, IL NOUS LIVRE SES FRISSONS ET SES DÉCOUVERTES...

 

PETIT, À QUOI RÊVAIT BRUNO BLANCHET? Petit, je ne rêvais pas: je faisais des cauchemars! Et j’allais me réfugier sous le lit de ma grande sœur Chantal, parce que je voyais des fantômes dans ma chambre… J’avais peur de la noirceur, du sous-sol, des chiens, de l’eau, de me perdre au centre d’achats, du quartier italien, de manger seul à la cafétéria, etc. J’avais une imagination fertile et je me créais des angoisses pour tout et pour rien. Alors je me réfugiais souvent dans la lecture. Puis, doucement, j’ai commencé à écrire. Pour dédramatiser. Pour rire. Et j’ai ris. Beaucoup. J’en ai fait un métier. Que j’ai adoré. Puis, j’ai eu l’idée de créer «cette vie dont vous êtes le héros.» Pour rire. Et je ris. Beaucoup.

 

EXISTE-T-IL UNE GRANDE DIFFÉRENCE ENTRE VOS VALEURS ET CELLE DES AUTRES HABITANTS DE CETTE PLANÈTE? Les valeurs? C’est difficile à cerner, non? Entre le chien qu’on mange au Vietnam, le feu Masaï qu’on partage avec les voisins, le rôle de la femme dans la société musulmane, l’arbre dans lequel on enfouit les bébés morts sur l’île de Célèbes en Indonésie, le grand-père marocain qui fait bourrer sa pipe de haschich par sa petite-fille… Exemple: j’arrive d’un voyage en Antarctique avec un groupe de blancs riches. Et j’en suis ressorti complètement stressé, et stressant! Je n’ai plus de patience, plus de tolérance! À bord du bateau, tout le monde n’a pas arrêté de chialer une seconde… La bouffe est pas bonne, les toilettes puent, il fait chaud, il fait frette, il vente, ça brasse, ça penche…Aaaaah!!! Ils m’ont rendu fou, stie! Comme une éponge, autour de gens paranoïaques, je pense qu’on peut rapidement devenir très inquiet pour aucune raison en particulier. Autour de gens avec la grosse tête, on peut rapidement se mettre à vouloir gonfler la sienne comme une montgolfière. Pendant qu’autour de personnes avec des existences simples, on se détend. Ce n’est pas tant une question de culture qu’un autre aspect de la nature humaine. J’essaye donc de vivre avec des gens qui prennent ça relax. Africains, Asiatiques ou Américains. Et de partager LEURS valeurs.

 

QUELLE A ÉTÉ VOTRE PLUS GRANDE FROUSSE? Ma plus grande frousse, je la revis à chaque semaine, devant mon ordinateur, quand j’attaque une nouvelle chronique! Face à la page blanche, je vis toujours la crainte de n’avoir plus rien à raconter, de ne plus savoir trouver les mots ou de me perdre dans le néant de leurs infinies possibilités… Mais, c’est vraiment un endroit où j’adore me retrouver. À chaque fois, je veux changer le rythme. Je veux me surprendre. Parfois j’y arrive et, pendant un moment, je suis l’homme le plus heureux au monde.

 

QUELLE A ÉTÉ VOTRE PLUS GRANDE DÉCOUVERTE? Au départ, en 2004, j’allais voyager et écrire pendant un an. J’avais des sous en banque et je tenais à revenir à la maison dans une situation financière confortable. Tout était sous contrôle! Puis, je ne suis pas revenu… Et mon compte en banque a fondu. Adieu coussin! Et ça m’a permis de réaliser que je pouvais me débrouiller avec peu et à mieux apprécier ce que j’avais, là, maintenant. Et de ne pas toujours me dire que je pourrais avoir plus, ou mieux! J’ai découvert qu’au fil des années dans le glorieux monde de la télévision, je m’étais créé un tas de besoins artificiels, des petits tas de poussière qui font juste polluer la vie. Et pas rien que matériellement: l’ambition m’étouffait. Je voulais être une star! Pour ce que ça signifie vraiment…Fa que, aujourd’hui, j’ai choisi le plus important: mon fils. Je l’ai initié au monde du voyage. À la liberté. Et il est devenu un super beau globe-trotter. On a bourlingué ensemble durant un an entre la Thaïlande, le Cambodge, le Yémen, l’Éthiopie et le Kenya. Il arrive d’un an en Australie, il voyagera pendant toute une année en Asie, et il est beau, et il est cool, et je peux mourir maintenant.

 

VOUS AVEZ EU UN COUP DE CŒUR POUR MEDELLIN… Y A-T-IL UN ENDROIT OÙ VOUS VOUS POSERIEZ? Plusieurs! En Asie, en Afrique et désormais, en Amérique du sud… Je commence à y songer de plus en plus sérieusement. Après 6 ans sur la route, j’ai envie d’éplucher des patates, d’étendre du linge sur la corde, de nourrir les chats, de passer le balai sur le balcon. Et d’arrêter de courir après les autobus! Mais, j’ai promis aux lecteurs le chiffre magique de 500 chroniques. Et il m’en reste à peu près 200 à écrire, donc plus ou moins 4 ans de voyage supplémentaire. Alors, comme le Vagabond, je vais poursuivre mon chemin…

 

EST-CE QUE VOUS CROYEZ VRAIMENT QUE «LE MONDE EST PETIT?» Oui, je le crois vraiment. Avec Skype qui te permet de jaser en direct de ta chambre, sans fil, avec les téléphones cellulaires qui fonctionnent au milieu du désert, et avec les ceuzes à satellite, il n’y a plus beaucoup d’endroits où être off radar... Je me souviens, à mes premiers voyages, dans les années 80, lorsqu’il n’existait pas de guichet automatique et qu’il fallait prévoir tout le budget du voyage à l’avance, avec des chèques de voyage et du cash qu’on dissimulait dans nos semelles de bottines… Aujourd’hui, sans un sou en poche, décider à minuit de partir le lendemain pour le Japon et arriver là-bas avec une voiture qui t’attend à l’aéroport pour t’amener à ta chambre d’hôtel réservée et déjà payée, avec Internet et une carte de plastique, ça prend 10 minutes!

 

COMMENT GÉREZ-VOUS CET ÉTAT CONSTANT DE RENCONTRES ÉPHÉMÈRES? Mal, la plupart du temps! Et ne m’en parlez pas…Je vais devoir quitter mon fils et mon ami Big Pete dans quelques jours et je ne les reverrai pas avant au moins quatre mois. Et je sais très bien qu’autour de la table, au petit-déjeuner, en attendant l’autobus qui viendra me chercher, nous ferons tous semblant de ne pas y penser; et Boris s’essuiera les yeux, et j’aurai le cœur gros comme la lune.

 

CROYEZ-VOUS AUX GUIDES DE VOYAGE (PAS LES HUMAINS, LES LIVRES)? Bien sûr. C’est un outil essentiel, qui permet de sauver un maximum de temps et d’argent, tout en nous renseignant sur les sites ou les évènements importants. J’aime bien m’aventurer dans des lieux sans trop savoir où je m’en vais mais, en même temps, je ne refuse jamais l’aide d’un guide.

 

COMMENT CHOISISSEZ-VOUS VOS PROCHAINES DESTINATIONS? Je me bande les yeux et je lance un dard sur une mappemonde? Je flippe les pages d’un Atlas, les yeux fermés? Désolé de vous décevoir, c’est un peu moins funky… Depuis un an, je ne les choisis pas vraiment. Je vais d’abord là où l’équipe de production de Partir Autrement me donne rendez-vous, puis, après le tournage de l’émission, avant le prochain contrat, j’improvise dans le coin où je me trouve, pendant 6 à 8 semaines. Sinon, en  général, j’essaye de ne pas retourner aux mêmes endroits trop souvent. La vie est trop courte et le tapis est trop grand pour s’enfarger dedans.

 

D’APRÈS CE QUE VOUS AVEZ PU CONSTATER SUR LE TERRAIN, LA PLANÈTE EST-ELLE EN PÉRIL? Je vous rappelle qu’on n’a pas besoin d’aller sur le Yangtse ou dans le Sahara. On peut aussi voir l’étendue des dégâts en Abitibi et dans l’estuaire du Saint-Laurent. Mais, je ne suis pas qualifié pour parler de ces problèmes. Pour pointer du doigt. Il y a trop de coupables. Dont moi.

 

QUELQU’UN QUELQUE PART VOUS A UN JOUR DEMANDÉ CE QUE VOUS CHERCHIEZ. VOUS AVEZ RÉPONDU «JE CHERCHE PEUT-ÊTRE CE QUE JE CHERCHE.» AVEZ-VOUS TROUVÉ LA RÉPONSE? LOL. C’était pendant un tournage et comme c’est moi qui pose les questions, je me suis drôlement fait surprendre par mon invité! Et quelle réponse idiote, monsieur Bruno… La vérité, c’est que je ne cherche rien. Ainsi, lorsque je trouve quelque chose, je suis surpris! Et si je ne trouve rien, c’est dommage, mais ce n’est vraiment pas grave. J’évolue lentement dans la vie, sans me créer d’attentes et en essayant de me libérer de mes «dépendances». Les déceptions ne proviennent-elles pas du fait qu’on a toujours besoin de quelque chose? Je crois que les musulmans ont fort bien compris le principe avec le Ramadan; un jeûne d’un mois qui peut être un fantastique exercice d’humilité. Alors, je m’en inspire, à petite dose. Et y a des journées où je ne mange qu’un seul repas. D’autres où je ne dors pas. Et j’essaye, toujours, de me réjouir de mes infortunes. Il n’y a pas d’autobus ce matin? Tant pis! On va lire. On va sortir les jumelles, on va regarder les oiseaux. Il n’y a pas d’eau chaude? Excellent! On prendra une douche froide. Ça réveille.

 

BRUNO EN RAFALE

• OÙ ÊTES-VOUS EN CE MOMENT? Sur l’île de Koh Chang, en Thaïlande, avec mon fils et mon ami Big Pete.  • QUEL LIVRE LISEZ-VOUS EN CE MOMENT? Je m’achète toujours une pile de livres usagés. Et je lis comme un troublé, trois ou quatre livres en même temps! J’ai aujourd’hui du San Antonio, The Road de McCarthy, un Jean-Paul Dubois, et La vie devant soi, de Romain Gary.  • QUELLE MUSIQUE ÉCOUTEZ-VOUS? J’écoute le même band, en boucle, depuis des années, parce que c’est instrumental et que la variété de leur répertoire me plaît: Mogwai.  • LA SORTIE DE VOTRE PROCHAIN LIVRE? Novembre 2010.  • FÊTEREZ-VOUS VOS 50 ANS AU QUÉBEC? Je vais d’abord essayer de m’y rendre. Mais mon plan est de passer ma cinquantième année (du 29 mars 2013 au 29 mars 2014) seul, quelque part sans internet, sans télévision et sans nouvelles de la planète… Bye bye le Monde, je décroche! Ma 50e, je me la garderai pour moi: avec dix grosses boîtes de bouquins, du papier, des crayons de bois et un réveille-matin qui ne sonnera qu’une seule fois.

 

OÙ EST BRUNO?

Vous pouvez suivre les péripéties de Bruno Blanchet autour du monde en achetant ses livres (Les Éditions La Presse) ou en lisant ses chroniques hebdomadaires publiées dans La Presse. Vous préférez le voir en action? Accompagnez-le chaque semaine autour du monde sur TV5 (Partir Autrement).

Volume - 6

Partagez l'article!


Derniers articles

ENTRETIEN AVEC BERNARD VOYER, COLLECTIONNEUR DE SOMMETS
Les peurs contrôlées de Mylène Paquette
ENTRETIEN AVEC NICOLAS BODART
PATRICK READER, LE PARTAGE D’UNE PASSION POUR L’ARCTIQUE ET LES MERVEILLES DU MONDE!

Recherche

Nouvelle édition »

s'inscrire à l'infolettre

Calendrier des activités