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photos Tourisme Ontario

MILLE-ÎLES: JARDIN POUR GRAND ESPRIT

DOSSIER / MILLE-ÎLES (ONTARIO)

Publié le 1 juin 2010, par Anne Pélouas

ELLES BARRENT L'HORIZON EN AMONT DU FLEUVE SAINT-LAURENT, COMME UN BOUCHON SUR L’IMMENSE «BOUTEILLE» DU LAC ONTARIO, S’ÉGRENANT COMME UN CHAPELET SUR 200 KM DE LONG. DE CES «MILLE ÎLES», ONTARIENNES OU NEW-YORKAISES, CERTAINES SONT TRÈS AGRICOLES COMME LA GRANDE ÎLE WOLFE, D’AUTRES SAUVAGES COMME CELLES DU PARC DES ÎLES DU SAINT-LAURENT, MINUSCULES ROCHERS AVEC UN SIMPLE PHARE OU OASIS VERDOYANTES CACHANT UN MANOIR COSSU D’UNE AUTRE ÉPOQUE.

Pour les découvrir, il faut plus d’une visite en utilisant, si possible, plusieurs moyens de transport: l’auto pour longer la rive et visiter celles qui sont accessibles par pont; le canot, le kayak, le voilier ou le bateau à moteur pour les plus «nature», celui de croisière pour un parcours guidé dans le dédale de l’archipel!

La première fois que j'ai visité la région, c'était pour découvrir la cité historique de Kingston, à la croisée de trois chemins d’eau (Canal Rideau, Lac Ontario, fleuve Saint-Laurent). En rentrant à Montréal par la route 2 du bord de l’eau, j'avais eu un avant-goût visuel des trésors insulaires du fleuve, s'étalant entre Kingston à l'ouest et Brockville à l'est. L’année suivante, j’allais y revenir deux fois, pour une virée en kayak et une autre en croisière.

UNE RICHE HISTOIRE NATURELLE

Pas une île qui se ressemble dans cette région «flottante» émergeant des eaux du Saint-Laurent en une succession de collines couvertes d’une végétation luxuriante et d’îlots rocheux déserts. On doit à l'explorateur Jean Desbayes d'avoir, en 1687, cartographié la région en lui donnant son nom. Trompeur si l’on compte bien le nombre d'îles: 1850 au total. Quelques-unes seulement, couvertes de champs comme Wolfe et Howe, sont habitées à l’année, et reliées à la terre par un traversier. D’autres, demeurées à l’état sauvage, sont préservées au sein du parc mais nombreuses sont celles qui sont privées, côté canadien et américain, abritant de luxueux cottages d’été. La frontière serpente dans l’archipel et mieux vaut se munir de documents officiels pour s’y balader!

La majorité des îles ont conservé leur beauté naturelle, avec relief accidenté et vieux fond de granit. Ici, un ou deux résineux ont survécu sur un rocher très dénudé; là, une forêt mixte touffue a pris le dessus. Toutes sont les vestiges de collines reliant autrefois le bouclier canadien à la chaîne des Adirondacks. Après la fonte des glaces, le Saint-Laurent a inondé la région, en les laissant dans son sillage. Ce phénomène, appelé arche ou axe de Frontenac, est si particulier qu’il a obtenu de l’Unesco le statut de «Réserve mondiale de la biosphère», en 2002.

EN KAYAK VERS LES ÎLES

Pour mon deuxième voyage, en été, j’avais convaincu un groupe d'amis d’aller explorer en kayak une partie du Parc national des îles du Saint-Laurent, plus petit et plus vieux parc canadien à l’est des Rocheuses. Ses 24 îles et 90 îlots dispersés entre Brockville et Kingston comptent plusieurs sites de camping sauvage, abris, aires de pique-nique, toilettes et débarcadères pour ceux qui peuvent s’y rendre par leurs propres moyens! De la marina de Guananoque, l’archipel des îles Admiralty n’est pas loin. On y découvre, le temps d’un week-end, cinq îles verdoyantes avec camping, sans compter une kyrielle d’autres plus sauvages, comme Mermaid ou Thwartway. Pour en faire le tour, on pagaie à l’abri du vent ou au contraire dans les vagues, en regardant les oiseaux virevolter au-dessus de la cime des arbres, résineux et feuillus mêlés, dans un beau dégradé de couleurs vertes! 

Plus à l’ouest, vers Kingston, deux îles seulement (Cedar et Milton) font partie du parc. Cedar abrite un lieu historique canadien, la Tour Cathcart, qui figurait parmi les fortifications défendant Kingston au 19e siècle. À l’est de Guananoque, on entre dans un véritable arboretum naturel sur l’île Mulcaster, avec une exceptionnelle variété d’arbres matures! Encore plus à l’est, à hauteur de Mallorytown, on peut rejoindre la longiligne île Grenadier, autrefois occupée par des fermiers ex-loyalistes. Pour voir voiliers ou autres bateaux de plaisance, c’est sur l’île Stovin, à hauteur de Brockville, qu’il faut aller car elle constitue un haut lieu d’accostage sur la route maritime de Montréal.

EN CROISIÈRE SUR LE FLEUVE

À ma troisième visite, l’automne suivant, j'optais pour une visite «culturelle» à bord d’un des bateaux de croisière sillonnant l'archipel depuis Kingston, Gananoque ou Rockport. Le mieux est de partir pour la journée, afin de profiter du coucher de soleil, avec lumière rasante courant sur l’eau et caressant les érables omniprésents, parés de rouge et d’or. Un spectacle flamboyant! Une telle croisière permet de profiter longtemps d’un paysage d’îles et d’eau mêlés, tout en jouant les «voyeurs» de belles maisons anciennes…

On en apprend aussi beaucoup sur l'histoire des Mille-Îles, stratégiquement situées entre lac Ontario et fleuve. Connu des Indiens depuis 7 000 ans, l’archipel a servi de campement aux Iroquois qui le baptisèrent «jardin du grand esprit». Des vestiges de forts attestent de l’intérêt que lui portèrent, aux 17e et 18e siècles, militaires français, anglais et américains. Au siècle suivant, l’archipel devint lieu de villégiature très prisé de riches New-yorkais, Bostoniens, Torontois et Montréalais. Grands hôtels historiques et manoirs de rêve que l’on aperçoit du pont du bateau témoignent de cet âge d’or des Mille-Îles qui prit fin dans les années 1930!

De nos jours, la principale attraction d’une croisière est la visite de l’extravagant Château Boldt, énorme bâtisse de 120 pièces construite par George C. Boldt. Ce pauvre Prussien ayant fait fortune dans l’hôtellerie new-yorkaise à la fin du 19e siècle avait acheté une île qu’il rebaptisa île Heart en hommage à sa femme. Il y entamera à grands frais la construction d’un vrai château des bords du Rhin, avec tours de pierre, tunnels, piscines et jardin italien. En 1904, il est à peine terminé quand sa femme meurt… et lui n’y mettra plus les pieds!

ACCÈS

À 3 heures environ de Montréal, par l’autoroute 20 ouest, puis l’autoroute 401.

http://www.ontariotravel.net

Volume - 5

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