Article plein air d'ailleurs

photos Nicolas Bodart

PARAPENTE HIVERNAL AU CŒUR DU VAL D’ANNIVIERS

AILLEURS – ZINAL

Publié le 1 décembre 2013, par Nicolas Bodart, accompagnateur en montagne

LA HAUTE MONTAGNE EST UN FORMIDABLE TERRAIN DE JEU. C’EST UN ENDROIT QUI PROCURE LES SATISFACTIONS PARMI LES PLUS INTENSES. J’Y PRATIQUE LA RANDONNÉE ET L’ALPINISME DEPUIS 20 ANS. EN OCTOBRE 2011, OLIVIER, UN AMI PARAPENTISTE, M’A FAIT DÉCOUVRIR LE PARAPENTE EN VOL BIPLACE AU DÉPART DU MONT BLANC DU TACUL (4248M). IMMÉDIATEMENT, JE FUS TOUCHÉ ET SÉDUIT PAR CETTE ACTIVITÉ DE MONTAGNE À PART ENTIÈRE. EN VOL, TOUT EST CALME ET PAISIBLE. LA HAUTEUR VOUS DONNE LE RECUL NÉCESSAIRE POUR APPRÉCIER AUTREMENT LES ÉLÉMENTS ET LES PAYSAGES PARCOURUS À PIED. LES CREVASSES DES GLACIERS NE SONT QUE LIGNES PURES, ON RESSENT LE CONTACT ABRASIF ET CHAUD DES AIGUILLES DE GRANIT.

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En novembre dernier, Olivier, Sophie et moi nous sommes rendus à Zinal, petit village du Valais suisse niché à l’extrémité du Val d’Anniviers. Notre projet consistait à gravir le Bishorn (4153m) en raquettes et tenter d’en repartir par la voie des airs.

Zinal est un village préservé, avec d’étroites ruelles bordées d’anciens chalets et de mayens sur pilotis. Il est le point de départ de très belles randonnées, mais aussi de grands itinéraires alpins… Couronne Impériale, arête du Blanc, Dent Blanche, Zinalrothorn, Weisshorn sont autant de lieux et sommets d’envergure qui résonnent quand on évoque ce village… Le Bishorn, quant à lui est un 4000 dit facile, très largement fréquenté l’été au départ de la cabane du Tracuit, construite entre glacier et falaise à 3200m. Il offre une vue époustouflante sur le Valais suisse, le Mont Blanc au loin et sur la vertigineuse face nord-est du Weisshorn.

Cette année, l’hiver est précoce et la neige déjà très abondante. Lourdement chargés (voile, matériel d’alpinisme et de sécurité, réchaud, nourriture…), nous quittons Zinal vers 8h du matin. On devrait atteindre le refuge vers 14h. Cette rando déjà réalisée plusieurs fois va nous réserver quelques surprises…

Le ciel est couvert et il neige fortement. Nous chaussons les raquettes plus tôt que prévu, la quantité de neige à si basse altitude en rendant l’utilisation obligatoire. Le sentier d’ordinaire sans difficulté se transforme vite en larges congères dont certains passages nous obligent déjà à la plus grande prudence. Nous marchons lentement dans une ambiance cotonneuse incroyablement calme… Le soleil se laisse apercevoir pour la première fois lorsque nous atteignons le plateau s’ouvrant sous le refuge. Ce disque pâle au travers des flocons de neige nous réchauffe quelque peu.

La progression devient plus difficile, la neige est plus profonde et la fatigue commence à se faire sentir. Il est 14h et, entre deux nuées, nous apercevons le refuge posé sur une haute barre rocheuse… il est encore bien loin! Nous nous préparons à une fin d’ascension épique. Trois heures plus tard, une large pente raide nous sépare de la cabane du Tracuit. Elle est avalancheuse et nous impose un détour pour éviter de prendre le moindre risque. Dans l’obscurité, à la lueur de notre lampe frontale nous rejoignons, encordés, un petit col entre neige profonde et passages rocheux délicats. Pour valider mes choix d’itinéraire, je m’aide d’une carte et de mon GPS dans lequel j’ai préalablement encodé quelques points-clés. Il indique 300m nous séparant de la cabane. Nous mettrons près de 1h30 pour l’atteindre après la désescalade d’une arête rocheuse, une descente en rappel improvisée et la remontée d’une crête neigeuse bordant le glacier Turtmann. Il est passé 20h lorsque nous entrons dans le refuge du Tracuit. Nous sommes fatigués, les muscles se relâchent, la tension nerveuse se dissipe peu à peu. Nous profitons alors pleinement de cette soirée à trois, autour d’un vieux poêle à bois et du repas que nous venons de préparer en évoquant les péripéties de la journée. Vers 22h, nous nous écroulons dans le dortoir laissé ouvert à l’intention des skieurs et alpinistes. Une chose est sûre, nous ne tenterons pas le sommet. Pour le reste, demain est un autre jour…

Le réveil est absolument somptueux. Nous nous empressons de vérifier les conditions météo. Pas un nuage, un ciel passant de l’orange au bleu profond. Tous les sommets se dévoilent intégralement, plâtrés d’une couche de neige fraîche. Il fait très froid, pas loin de -15°C, mais cette température fraîche fait partie de cette ambiance hivernale très particulière, subtil mélange de lumières, d’atmosphère calme et de paysages grandioses. L’horizon nous semble terriblement lointain tant l’air est dégagé et pur, comme lessivé par les chutes de neige de la veille.

Près d’une heure sera nécessaire pour préparer une zone de décollage non loin du refuge. Il y a peu de vent, sous l’effet du soleil, une petite brise de vallée s’est installée… Les conditions sont idéales pour le vol libre. Nos voiles sont rapidement étendues, et sous les conseils d’Olivier nous décollons en à peine quelques pas… Suivra un long moment de contemplation. Un vol pendant lequel je ne sais où arrêter mon regard, où se mêlent des sensations et émotions très fortes. Je vois Sophie qui vole au-dessus de moi et Olivier qui s’apprête au loin à décoller. Ce moment est magique…

Amusé, je regarde une dernière fois cette trace que nous avons laissée hier au prix de longs efforts physiques et nerveux… Un peu plus d’un quart d’heure de vol pour près de 12h de marche… Ce serait à refaire? Sans aucune hésitation!

PRÉPARATION DE L’ASCENSION

Définissez l’itinéraire sur une carte. Pour un même objectif, l’itinéraire en hiver peut différer totalement de l’itinéraire estival (pentes avalancheuses, glacier bouché, barres rocheuses avec glace, etc.).

Prévoyez des échappatoires (itinéraires alternatifs, possibilités de faire demi-tour).

Renseignez-vous sur les conditions météo. Avant de partir, appeler l’office du tourisme local et surtout le gardien du refuge (en période de gardiennage), qu’il est le mieux placé pour vous renseigner.

Apportez un matériel adapté (vêtements chauds et de rechanges, matériel de sécurité, nourriture en quantité suffisante, etc.).

En cas de brouillard, le GPS peut être d’une grande utilité.

Enregistrez dans votre téléphone cellulaire le numéro local des secours.

PRÉPARATION DU VOL

Un vol-montagne est réservé aux pilotes expérimentés ou aux débutants encadrés.

Repérez à l’avance la zone d’atterrissage. On n’atterrit pas n’importe où. En fonction du terrain choisi, commencez à réfléchir au plan de vol, observez les obstacles éventuels et pensez déjà à l’approche à privilégier.

Au décollage, l’analyse des conditions locales (en plus des prévisions météo) est primordiale! Observez les obstacles au décollage, le relief environnant, la force et la direction du vent, la présence de la brise… Votre jugement et votre expérience décideront du décollage ou pas.

OÙ DORMIR, QUE FAIRE À ZINAL?

Zinal se situe à l’extrémité du val d’Anniviers, dans le Valais suisse. On y arrive en quittant l’axe central du Valais à Sierre.

L’Auberge Alpina

Un endroit accueillant et simple comme on les aime. Discutez avec la gérante passionnée de voyages, laissez-vous tenter par sa carte étonnante puis terminez la soirée par un des nombreux rhums arrangés. Au petit déjeuner, ses confitures maison sont un enchantement…

www.auberge-alpina.ch

Gîte Tzoucdana

À côté de l’Auberge Alpina, entre le village et les premiers contreforts de la montagne, un petit gîte splendide et plein de charme. Peu de places, une restauration délicate viennent s’ajouter à l’attrait de la Tzoucdana.

www.tzoucdana.ch

Laissez-vous tenter par la découverte des montagnes environnantes. De la marche familiale à l’alpinisme engagé, il y en a pour tous les goûts. De nombreux refuges d’altitude permettent des itinéraires de plusieurs jours.

La cabane du Mountet

Située au cœur de la Couronne Impériale.

La cabane d’Arpitettaz

Au pied de l’arête du Blanc.

La cabane du Tracuit

Entièrement rénovée, au pied du Bishorn.

N’hésitez pas à vous faire accompagner par un guide de haute montagne pour découvrir les joies d’un sommet!

www.zinal.ch

Volume - 12

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