Jusqu’ici, je m’étais tenu à distance des amateurs de parachutisme, de deltaplane et de parapente. Ces gentils émules d’Icare m’ont toujours paru un peu fêlés de la caboche. L’idée de se garocher dans le vide me paraissait irraisonnable. Je me disais qu’en évitant leur compagnie, je ne serais pas contaminé. Grossière erreur. Quand le goût de planer dans les airs se saisit de vous, aucune remède n’est assez puissant.
L’occasion en or s’est présentée au Venezuela. La géographie de la campagne de Caracas se prête bien au parapente. De belles montagnes chauves surplombent de larges vallées. Et peu d’obstacles encombrent les versants de ces collines sans forêt destinées à l’élevage.
Par un samedi matin ensoleillé, je parviens à l’entrée de la Colonia Tovar, une communauté allemande perchée à 2000 mètres d’altitude. L’endroit attire de nombreux touristes en raison de son temps frais et de ses coquettes maisons.
Je descends de l’autobus à la hauteur d’un mirador qui domine la vallée. L’équipe de l’école de vol prépare les premiers visiteurs qui sont motivés, tout comme votre humble serviteur, à faire le grand saut. Leur famille et les curieux dévorent la scène des yeux. Certains lancent de petites remarques de crainte mêlée d’envie. Quelques-uns jonglent avec le désir de voler à leur tour.
Premiers départs. Les tandems s’élancent vers le précipice. Le public pousse un grand cri d’ébahissement. Ils sont tous dans les airs, majestueux.
De mon côté, j’hésite, je me mordille la joue, je me gratte la paume des mains, je fais les cent pas. Et si on s’écrase contre la montagne? Et si? Et si? Il est encore temps de faire demi-tour. Je suis allé prendre mon cinquième café de la journée pour me détendre un peu. J’avais fait des trucs risqués auparavant. Allez, un petit effort. On me fait signe que je suis le prochain.
Une grande respiration et je descends à la plateforme de décollage. Ce serait vous mentir que prétendre que je n’avais pas le trac. Je mets les mains sur mes genoux pour les empêcher de claquer. Tandis que l’assistant du pilote me harnachait à une sorte de siège pour gros bébés, il me donnait les instructions. Minute, papillon, que je lui dis en espagnol. Pas si vite.
Arrive le pilote, dont la nervosité m’a fait oublier le nom. Il m’explique une seconde fois les instructions. Prêts à décoller, nous faisons trois pas de géant. Le parachute se dresse dans les airs. Pas le temps de prendre conscience de ce qui m’arrive, le pilote m’entraîne dans sa chute.
En moins de temps qu’il ne le faut pour crier « Géronimo », je planais. 
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Fiche technique
Où: À l’entrée de la Colonia Tovar, à 2 heures de route de Caracas. En transport en commun, des autobus partent depuis le terminal La Bandera jusqu’au village de La Victoria. Depuis cet endroit, des navettes assurent la liaison avec la Colonia Tovar. Demandez au chauffeur de descendre à Placivel ou « donde los parapentes ».
Activités: parapente
Les pros: Quelques écoles offrent des vols en tandem sur place. J’ai fait affaire avec Soaring Parapente. Leur équipe est professionnelle et offre un service en anglais. Le forfait comprend 15 minutes de vol avec pilote et un cd avec images et vidéo, le tout pour environ 20$.
